20 juin 2009

Le gouverne Ment

Vendredi 19 juin 2009, interrogé sur l’affaire de l’attentat de Karachi par un journaliste de l’AFP lors de sa conférence de presse clôturant le conseil européen de Bruxelles, Nicolas Sarkozy a déclaré :

« Enfin écoutez c’est ridicule. Franchement, monsieur, franchement c’est ridicule. Pas vous, hein, je me permettrais pas, je vous respecte mais enfin écoutez. Soit il y a des éléments, donnez-les nous. C’est grotesque, voilà, c’est ma réponse. Alors qu’est-ce que vous voulez que je vous dise. Raisonnement : Pour son financement Monsieur Balladur aurait accepté des commissions qui n’auraient pas été payées ensuite et ça a donné Karachi... Mais enfin, respectons la douleur des victimes. S’il vous plaît, qui peut croire à une fable pareille ? Et puis si vous avez des éléments donnez-les à la justice et demandez à la justice qu’ils enquêtent. Mais enfin franchement qu’est-ce que vous voulez que je réponde là-dessus.

« Mais, honnêtement, qu’est-ce que vous voulez que je réponde là-dessus. Y a 14 ans, de surcroît. On est dans un monde où tout se sait, où la notion de secret d’Etat n’existe plus. 14 ans après vous venez me poser la question : ’est-ce que vous êtes au courant de rétrocommissions qui auraient pas été versées à des Pakistanais dans le cadre de la campagne de Monsieur Balladur ? Et vous, vous étiez pas au courant non plus, non ? Vous, vous, vous étiez peut-être journaliste à cette époque... non, mais je ne vous en veux pas mais enfin écoutez franchement. Enfin, si y a un braquage à Bruxelles aujourd’hui, j’y étais... c’est incontestable. »

Le président se met alors à rire : « Non pardon, hein, je ris pas du tout parce que Karachi c’est la douleur de familles et de trucs comme ça... mais... qu’est-ce que vous voulez que j’aille répondre là-dessus. »




HONNETEMENT : le mot qu'il ne fallait pas dire
.


.

Loi de programmation militaire ou comment faire taire les militants


La ministre de l’Intérieur, sur suggestion de l’Élysée et de quelques parlementaires, prépare en secret un arrêté fondé sur un projet de loi signé du Premier ministre et du ministre de la Défense, prêt depuis le mois d’octobre 2008. Il s’agit de la loi 1216 de programmation militaire pour 2009-2014 : un texte plutôt banal s’il ne prévoyait, dans son article 5, de réorganiser et de redéfinir tout ce qui touche à la sécurité intérieure. Ce qui, une fois la loi votée, autorisera la publication d’un ou plusieurs décrets permettant de poursuivre notamment les militants écologistes et associatifs lorsque, par leurs actions, écrits ou propos, ils mettront en cause« les intérêts de l’État ». Dans ces « intérêts » seraient notamment inclus ce qui concerne les centrales, les transports nucléaires et le stockage des déchets, mais aussi ce qui touche aux installations industrielles et aux stockages classés « Seveso », qu’il s’agisse d’usines manipulant des substances dangereuses ou d’aires abritant des cuves de produits chimiques. Ce texte aurait aussi comme conséquence d’aggraver les peines encourues par les faucheurs d’OGM, car il permettrait de poursuivre les individus et les associations mettant en cause les intérêts économiques stratégiques de la France.


Dans l’exposé des motifs de la loi, on trouve en effet ce paragraphe : « Les attributions, déjà codifiées, des ministres de la Défense, de l’Intérieur, des Affaires étrangères, de l’Économie et du Budget sont redéfinies en fonction des différentes politiques qui entrent dans leur champ de compétence et concourent à la stratégie de sécurité nationale. Au-delà de ces modifications, et dans le prolongement des orientations du Livre blanc, des attributions particulières en matière de sécurité nationale du ministre de la justice et des ministres chargés de la Santé, de l’Environnement, des Transports, de l’Énergie et de l’Industrie sont codifiées. »

Au nom de la sécurité nationale, le décret en préparation permettrait donc de placer sous la protection de cette dernière toutes les actions et informations liées, par exemple, à l’environnement et aux infrastructures contestées par les associations de protecteurs de la nature et les organisations écologistes. De la même façon, tout ce qui concerne le changement climatique pourra entrer dans les informations classifiées interdites de divulgation. Classification qui, d’une part, sera bien entendu à la discrétion souveraine du gouvernement en place et qui, d’autre part, sera opposable à la fois aux militants, aux associations et aux juges d’instruction. S’ils existent encore. Les écolos ne sont bien sûr pas les seuls visés : ce texte à tout faire permettrait de poursuivre tous les agissements « déviants ».

II deviendrait donc plus difficile d’exercer une contestation écologique. Ce dispositif pourrait être complété dès l’automne par une circulaire ou un décret - ce n’est pas encore décidé - qui compliquerait la tâche des citoyens et des associations de protection de la nature voulant attaquer des décisions de l’État et des collectivités territoriales devant les tribunaux administratifs. Les élus se disent lassés des remises en cause de permis de construire ou des tracés de routes. Depuis plusieurs années, les associations de maires demandent au gouvernement une restriction de la contestation « administrative » pour abus de pouvoir et non-respect des règles d’enquête publiques. En oubliant de rappeler que le recours aux tribunaux administratifs est souvent la seule arme des écologistes et des associations de protection de la nature.

Entre les possibilités de criminalisation de la contestation écologique et les restrictions aux recours administratifs, si ces deux réformes entrent en vigueur, l’écologie devrait peu à peu cesser de gêner le pouvoir. Pour l’instant, il est encore, au moins, possible de l’écrire sans encourir le risque d’être poursuivi... pour outrage au gouvernement.

Claude-Marie Vadrot





.

La manif' en bleu. Mais non pas les flics...


Les décrets d'application de la loi sur l'interdiction des cagoules sont sortis au J.O.Deux mois après le discours de Nice, durant lequel Nicolas Sarkozy avait détaillé son plan anti-bandes, un décret du Premier ministre a été publié ce samedi au Journal officiel. Il interdit aux participants à des manifestations publiques de dissimuler volontairement leur visage, notamment avec une cagoule, pour ne pas être identifiés.
Le texte, daté de vendredi, punit d'une amende de 1.500 euros au plus (contravention de 5e classe) «le fait pour une personne, au sein ou aux abords immédiats d'une manifestation sur la voie publique, de dissimuler volontairement son visage afin de ne pas être identifiée dans des circonstances faisant craindre des atteintes à l'ordre public». Le décret prévoit qu'en cas de récidive dans un délai d'un an, l'amende peut être portée à 3.000 euros.

Et comme par hasard, on se met à parler des burkhas, des droits des femmes, et à vouloir légiférer sur le sujet. Pour interdire la burkha évidemment.Les droits des femmes on s'en occupera plus tard, enfin jamais. Il n'y a qu'à voir les amendes que se ramassent les partis politiques pour non parité dans les listes de candidature électorales.. Je pense qu'il s'agit surtout d'enlever la burkha sous laquelle n'importe qui peut se cacher, surtout des "terroristes";maginez une manif où tous porteaient une burkha. On ne peut pas flicaillemtnt parlant laisser faire. Que d'armes, boulons, projectiles divers peuvent se cacher là-dessous.
N'es-tu pas de cet avis quant à l'instrumentalisation de la burkha d'une façon sécuritaire? Les droits des femmes , ça fait belle lurette qu'ils s'en tamponnent. Ils auraient dû, par cohérence, interdire le port du voile, ils ne l'ont pas fait. La burkha n'est pas un signe religieux, elle est antérieure au Coran et indépendante du Coran. de nombreuses femmes reconnaissent la porter pour la liberté qu'elle représente, paradoxal, non? Et l'aspect érotique n'est pas négligeable non plus, n'est-ce pas?

19 juin 2009

Intervention ratée pour la police à l'Appel du 18 joint

Quelques centaines de partisans de la légalisation du cannabis s'étaient donnés rendez-vous ce jeudi, comme tous les ans depuis 1993, au Parc de la Villette, à Paris, pour célébrer comme il se doit l'Appel du 18 joint : pétard à la bouche.

Ce qui n'est évidemement pas du goût des forces de l'ordre, car la simple consommation de cannabis tombe toujours sous le coup de la loi en France. Traditionnellement, la brigade des stupéfiants se déplace pour l'événement mais se contente d'observer, voire de converser avec les organisateurs.

Une fois n'est pas coutume, d'autres représentants de la loi ont cette fois débarqué en moto, en voiture et… à cheval. Après avoir contrôlé l'identité de jeunes fumeurs qui attendaient le début des agapes, les policiers (apparamment rattachés au commissariat du XIXe arrondissement) ont tenté de placer en garde à vue Jean-Pierre Galland, président du Circ (le Collectif d'information et de recherche cannabique).

Après l'intervention de la direction de la Villette, les forces de l'ordre ont opéré un retrait en désordre et sont finalement reparties bredouille. Du côté de la police, on affirme aujourd'hui « qu'aucun fait notable n'a été signalé ». Tout est bien qui finit bien.

Rue 89

C'est le tour de MAM!


Le conseil d'Etat a infligé, vendredi 19 juin, un camouflet à la ministre de l'intérieur, Michèle Alliot-Marie, en donnant satisfaction à l'ancien directeur central des renseignements généraux (DCRG), Yves Bertrand. Le haut fonctionnaire, au cœur d'une polémique depuis la divulgation par Le Point d'extraits choisis de ses carnets personnels – qui avaient été saisis, sans être exploités, par les juges de l'affaire Clearstream –, avait réclamé en vain la protection juridique de l'Etat.
Dans ces calepins, le policier avait consigné informations, rumeurs et ragots concernant de nombreuses personnalités, politiques notamment. Plusieurs d'entre elles ont déposé plainte, au premier rang desquelles Nicolas Sarkozy, persuadé de longue date que M. Bertrand était membre d'un «cabinet noir» chiraquien qui aurait comploté contre lui.
La «protection juridique» réclamée par Yves Bertrand consiste en la prise en charge par l'Etat de ses frais de justice – voire des amendes exigées par un tribunal en cas de procès et de condamnation. C'est la règle depuis 1983 quand un «agent public» est impliqué – ou susceptible de l'être – dans une procédure judiciaire.
Il existe au moins deux célèbres précédents en la matière : l'affaire des paillotes brûlées en Corse, au cœur de laquelle se trouvait le préfet Bernard Bonnet; celle des écoutes illégales de l'Elysée sous François Mitterrand, qui provoqua la mise en cause du commandant Christian Prouteau. Dans ces deux cas, le ministère de l'intérieur avait pris à sa charge la défense des fonctionnaires poursuivis – et sur qui pesaient des soupçons extrêmement lourds, qui leur valurent d'ailleurs d'être condamnés.
Comme l'avait révélé Mediapart, dans une lettre envoyée le 30 octobre 2008 à Me Basile Ader, qui défend l'ancien patron des RG, le ministère de l'intérieur affirmait ne pouvoir «donner une suite favorable à la requête» en invoquant... le caractère «privé» des carnets incriminés.
«Ainsi que l'intéressé l'a lui-même déclaré aux médias, [...] M. Bertrand a tenu ces carnets à titre privé, et donc sous sa seule responsabilité. Dès lors, sa demande de protection juridique n'entre pas dans le champ d'application des dispositions de l'article 11 de la loi précitée qui assurent la protection fonctionnelle des agents publics», était-il indiqué dans ce courrier, signé de Laurent Touyet, le directeur des libertés publiques et des affaires juridiques (DLPAJ) de la place Beauvau, qui agissait, ainsi que le précisait la missive, «par délégation, pour Mme la ministre de l'intérieur».
L'avocat de M. Bertrand, tout en déplorant le refus du ministère d'accorder à son client la protection juridique qu'il réclamait – il avait d'ailleurs saisi le conseil d'Etat –, n'avait pas manqué de pointer que, de par sa formulation, la réponse de Mme Alliot-Marie faisait son bonheur. « Les contradictions apparaissent au grand jour! Lorsque l'on tord le droit de manière aussi évidente que cela a été le cas dans cette affaire au détriment de mon client, on arrive à des situations incohérentes, voire aberrantes, comme celle-là », déclarait l'avocat à Mediapart le 20 novembre 2008.
Et Me Ader d'expliquer : « De deux choses l'une : soit M. Bertrand a outrepassé sa mission, et, dans ce cas, il l'a nécessairement fait dans le cadre de ses fonctions et doit donc bénéficier d'une protection juridique. Soit, et c'est apparemment désormais l'avis de la ministre de l'intérieur, ces carnets n'avaient rien à voir avec son travail et relèvent totalement de la sphère privée, auquel cas mon client n'a pas commis le début du commencement d'une faute, et encore moins d'un délit

Au vu de la décision du conseil d'Etat, que Mediapart a pu consulter, c'est la première solution qui a été retenue. A savoir qu'en notant informations et rumeurs sur ces carnets, M. Bertrand était dans son rôle de patron des RG.
Le conseil considère ainsi «qu'il n'est pas contesté que les carnets de notes en cause comportent essentiellement, outre quelques indications ayant trait à la vie privée de leur auteur, des informations recueillies par M. Bertrand à raison de sa qualité de directeur central des renseignements généraux, obtenues grâce aux moyens du service et utilisées dans l'exercice de ses fonctions; que dès lors, tant les attaques dont M. Bertrand s'estime être victime que les poursuites pénales dont il est l'objet à la suite de la révélation de ces carnets, doivent être regardées comme étant en relation avec les fonctions qu'il a exercées en sa qualité de directeur central des renseignements généraux».
Le conseil d'Etat ajoute que, «par suite, le ministre, qui ne soutient pas que d'autres motifs, tels notamment qu'une faute personnelle, feraient obstacle à l'octroi de la protection sollicitée, a commis une erreur de droit en estimant que la protection demandée par M. Bertrand à raison de ces attaques et poursuites n'entrait pas dans le champ d'application des dispositions précitées de l'article 11 de la Loi du 13 juillet 1983; qu'il suit de là que le requérant est fondé à demander l'annulation de la décision attaquée».
Pour conclure, le conseil annule donc la décision attaquée, et «enjoint» au ministère «de réexaminer la demande de M. Bertrand dans un délai d'un mois». Il ordonne aussi à l'Etat de «verser à M. Bertrand une somme de 2500 euros au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative». Une somme modique mais dont la portée symbolique n'échappera à personne.

Mediapart

Frenchelon: la carte des stations espion du renseignement français


Frenchelon, vous connaissez ? C’est le réseau espion d’écoute des télécommunications déployé par les services de renseignement militaires français, créé sur le modèle d’Echelon, son précurseur anglo-saxon, et dont j’avais parlé dans mon article sur la guerre de l’information paru dans l’Atlas 2009 du Monde Diplomatique (voir aussi “Echelon/Frenchelon : mythes et réalités).
L’existence de Frenchelon n’a jamais été officiellement reconnue par les autorités françaises, et l’on n’en connaît pas le nom véritable -s’il en a un. Un certain nombre d’articles de presse lui ont néanmoins été consacrés, qui listaient plusieurs de ses stations d’écoute satellites ou radioélectriques.

Le système français est bien moins connu que ne l’est Echelon, ce qui explique aussi qu’aucune carte des stations de Frenchelon n’avait encore à ce jour, et à ma connaissance, été réalisée. Alors j’en ai profité pour, non seulement en dresser la carte, mais aussi en prendre certaines en photo, ou plutôt faire des copies d’écran des photos satellites disponibles en ligne.

J’ai réussi à en localiser une vingtaine; si Google Maps en a flouté certaines (à commencer par celle de Domme, la plus importante, près de Sarlat, en Dordogne), d’autres révèlent, en clair, la présence d’antennes satellites, quand bien même, et comme le soulignait le reportage de France 2 consacré à la station de Domme, il est bien évidemment interdit de photographier ces installations militaires.

Little Brother Frenchelon vs Big Brother Echelon
Le “petit frère” français du réseau anglo-saxon est réputé bien moins puissant que son “grand frère” Echelon -la National Security Agency (NSA) dispose, à elle seule, de plus 35 000 employés, contre 4500 pour la DGSE, dont les missions, en outre, sont bien plus vastes-, mais “Frenchelon” a le mérite de couvrir la quasi-totalité de la planète Terre.
Car si la majeure partie des stations recensées sont localisées sur la métropole, la France, ancienne puissance coloniale, a l’insigne avantage de disposer d’un grand nombre de bases militaires, et pays amis, et départements d’outre-mer, un peu partout dans le monde, ce qui lui a permis de déployer ce réseau quasi-unique dans le monde.
A noter que cette carte ne répertorie que les stations au sol (et encore, pas toutes), pas les satellites Essaim, Cerise, Clémentine et consorts, qui sont les “grandes oreilles” de la France, mais dans l’espace, cette fois.
La consultation de cette carte sera bien évidemment plus “agréable” (si j’ose dire) sur Google Earth que sur Google Maps. Pour cela, téléchargez ce fichier et ouvrez-le avec Google Earth (notez que vous pouvez aussi le télécharger directement sur la carte Frenchelon de Google Maps). Vous pouvez aussi, et enfin, zoomer sur cette petite carte-là :

En l’état, sont donc répertoriées les stations (présumées, on n’est jamais à l’abri d’une intoxication ;-) de (en métropole) :
- la Presqu’île de Giens, Domme, Les Alluets le Roi - Feucherolles, Solenzara (Corse), Saint Laurent de la Salanque, Dieuze, Nice, Mutzig, Fort du Mont Valérien, Hotel des Invalides, Plateau d’Albion, Le Cap d’Agde, Creil, plus celle de Boullay les Troux (la station de l’ex-DST, qui ne dépend donc pas des services de renseignement militaires français, mais qui n’en reste pas moins une station d’espionnage des télécommunications),
plus, hors métropole :
- La Tontouta (Nouvelle Calédonie), Saint Barthélemy, Kourou, Mayotte, l’Ile de la Réunion, Papeete, Djibouti, Bouar (Centrafrique).Vous avez eu vent d’autres stations, ou pouvez m’aider à plus et mieux les localiser -pour celles qui sont encore un peu dans le flou ? Ne vous gênez pas, que ce soit en commentaire, ou par e-mail.
Vous pouvez également faire oeuvre de salubrité publique en relayant l’info sur vos blogs et réseaux sociaux, d’autant que la galerie photo, tout comme la Google Map, peuvent être “embeddées” d’un simple copier/coller. Pourquoi se priver…
Engin, il serait également intéressant de pouvoir mettre à jour la liste des stations d’écoutes d’Echelon, dont les cartes n’ont pas été mises à jour depuis bien longtemps maintenant. Les Français n’ont, après tout, fait que copier les anglo-saxons. On aurait tort de ne pas le rappeler…




NB: “on” m’informe que la station de Saint Barthélémy aurait été fermée, et réaffectée à la gendarmerie.

BUG Brother

Le banal témoignage de l’état des usines de l’enfermement ordinaire..

Jean-Marc Rouillan est à nouveau incarcéré aux Baumettes, à Marseille, après un séjour en hôpital-prison. Atteint d’une grave maladie, il demande une suspension de peine pour bénéficier d’un traitement médical. L’ex-militant d’Action directe répond à nos questions.

Sous le titre Liberté immédiate pour Jean-Marc Rouillan, Le Mague s’est récemment inquiété de l’état de santé du taulard écrivain. On le sait, il ne pète pas la forme. Et ça ne risque pas de s’arranger s’il reste coincé dans une cellule. Bonne nouvelle, la maladie qui ronge les os de Rouillan est enfin démasquée. Mauvaise nouvelle, il est impossible de le soigner en prison ! Le traitement contre le syndrome de Chester-Erdheim est très empirique alors, ironiquement, Rouillan subit les effets d’une loi votée pour que les détenus ne deviennent pas des cobayes…

Ohé du NPA (Rouillan n’est-il pas l’un des vôtres ?), ohé les communistes, ohé les anarchistes, ohé les révolutionnaires, ohé les droidelomistes, allez-vous laisser Rouillan pourrir en cabane ? Sa fichue maladie est méconnue. Combien de temps peut tenir un malade sans traitement ? Quelques années ? Quelques mois ? Personne ne le sait. C’est maintenant qu’il faut bouger.

Ce matin au courrier, j’ai reçu une enveloppe postée de Marseille. À l’intérieur, trois petits feuillets numérotés noircis par une écriture fine. C’était Rouillan. Voici une interview qui nous éclaire sur le quotidien d’un homme qui se demande s’il va mariner encore longtemps à l’ombre. On apprend en prime que l’auteur d’une œuvre déjà conséquente est privé du seul outil qui l’aide à « s’évader » : son ordinateur. Il y a des petites tortures bien mesquines en ce bas monde…

Le Mague : On peut dire que tu reviens de loin. Sans ton séjour à l’UHSI, tu ne serais sans doute plus des nôtres…

Jean-Marc Rouillan : Oui je reviens de loin. Comme quoi les citadelles de l’immobile demeurent des territoires agités ! En janvier dernier, je suis tombé malade. Certains docteurs me croyaient malade d’une vulgaire grippe. La direction, quant à elle, me pensait (ou me souhaitait) dépressif et m’enjoignait de consulter les psychiatres ! L’affaire a duré et ma santé a dégringolé jusqu’au 6 mars quand les marins pompiers m’ont embarqué aux urgences. Les médecins me l’ont confirmé, j’aurais pu y laisser ma peau, question d’heures, question de jours… Cependant, il ne s’agissait pas d’un complot de l’antiterrorisme, ni le résultat de l’incompétence du service de santé des Baumettes, mais le banal témoignage de l’état des usines de l’enfermement ordinaire. On peut noter toutefois : bien que, très arbitrairement (car je ne suis plus DPS) étiqueté d’une mesure de surveillance spéciale, personne ne s’est rendu compte de mon état réel.

Le Mague : Tu es un taulard pas banal. Et voilà que tu choppes une maladie vraiment pas banale…

Jean-Marc Rouillan : Me voici atteint d’une de ces myxomatoses décimant les longues peines. Les cancers et les maladies dégénératives font des ravages. Un maton m’expliquait qu’il avait comptabilisé une trentaine de décès à l’Unité sécurisé de l’hôpital (UHSI), et cela en quelques années et sans compter les suspensions de peine de dernière heure… Quoiqu’il en soit, je ne pouvais pas faire dans l’ordinaire et, en tant que partisan acharné de l’action minoritaire, j’ai choppé une maladie plus rare que les maladies orphelines elles-mêmes. Je suis devenu le 186e cas connu du syndrome de mister Chester et doctor Erdheim.

Le Mague : Où en sont tes démarches pour tenter de rejoindre le pays du dehors ?

Jean-Marc Rouillan
: En accord avec l’équipe médicale, j’ai fait une demande de suspension de peine, je réclame le bénéfice de la loi Kouchner. Il faut reconnaître que ça me fait un peu mal au ventre de réclamer aux juges ce paravent humanitaire masquant les réalités cruelles des éliminatoriums de la République. Je n’ai plus le choix et cette loi appartient à l’arsenal des aménagements de peine. La dernière décision collective des prisonniers AD a été d’utiliser sans remords cet arsenal. Joëlle est sortie en suspension de peine. Nathalie se l’était vu refuser, mais a bénéficié d’une semi-liberté, puis d’une conditionnelle.

Le Mague : Où en est la recherche médicale dans la lutte contre le syndrome de Chester-Erdheim et jusqu’où les juges peuvent-ils suivre l’avis des médecins ?

Jean-Marc Rouillan : Le syndrome de Chester-Erdheim est si rare qu’il faut bien se douter qu’aucun laboratoire n’a investi un kopek dans la recherche d’un traitement. Pas de miracle, c’est la dure loi du marché ! Du coup, les médecins bidouillent des posologies à base de corticoïdes et de chimiothérapie. Aucun traitement homologué, tout n’est qu’expérience. Ainsi, le tribunal se trouve face à un dilemme. Si les juges me refusent le bénéfice de la loi, ils condamnent les docteurs à ne pas la respecter. Car toute expérimentation médicale sur une personne détenue est strictement interdite par la loi. Elle a été finalement votée pour mettre fin aux abus subis par les prisonniers durant les décennies précédentes. Il est clair que la décision du JAP va directement peser sur le traitement dont je vais bénéficier ou ne pas bénéficier. S’ils ne me sortent pas, je n’aurai qu’un traitement à minima car les médecins resteront très prudents dans les posologies pour éviter un accident et, vu la lourdeur des effets secondaires, j’espère que le tribunal ne jouera pas la montre car, depuis un mois, je reste sans aucun traitement.

Le Mague : Que devient Jann-Marc, l’écrivain ? As-tu les moyens de poursuivre ton travail littéraire ?

Jean-Marc Rouillan : Depuis ma réincarcération, début octobre de l’an passé, au mépris des lois et des règlements, je suis interdit d’ordinateur. Bientôt 9 mois ! Et rien n’indique qu’ils changeront d’idée. Malgré tout, j’avance dans mon travail. Plusieurs manuscrits sont prêts et j’ai d’autres projets en route.

Le Mague : Ta maladie te permettrait-elle de reprendre ta place au sein de l’équipe des éditions Agone ?

Jean-Marc Rouillan : Si je sors, je ne sais pas si je pourrais bosser à Agone… Du moins durant les phases de traitement.

18 juin 2009

Là-bas, si tu y es

Chers auditrices, chers auditeurs,

Depuis des semaines, vous êtes très nombreux à nous poser de questions sur l’arrivée de Philippe Val à la direction de France Inter. Comment cela est-il possible !? Dites nous qu’il s’agit d’un cauchemar ! Si c’est une blague, elle n’est pas drôle.…

Soyez sans inquiétude, Philippe est un vieil ami de « Là-bas si j’y suis » et c’est dans la joie que toute l’équipe accueille celui que l’historien Alexandre Adler compare à Emile Zola. Et pourquoi pas à Voltaire, Spinoza, Albert Londres ou Albert Einstein ? Car Philippe c’est tout ça à la fois ; une conscience, un visionnaire, et un penseur engagé face aux grands défis de notre temps. Et ceci à la différence de ses anciens camarades qui persistent à végéter dans un gauchisme moisi, souvent entaché d’antisémitisme et d’islamo fascisme.

En dénonçant avec courage des figures nauséabondes comme celle du dessinateur Siné ou du journaliste Denis Robert, du dessinateur Lefred-Thouron ou du négationniste américain Noam Chomsky, Val a montré qu’il avait pleinement réussi à évoluer avec pragmatisme du côté du manche sans rien perdre de cette impertinence libertaire qui est la marque de fabrique de cet homme de gauche.

Mais Philippe est aussi un chef d’entreprise avisé. C’est d’une main ferme qu’il a conduit son journal Charlie Hebdo, là où il se trouve aujourd’hui.

Et certains pensent bien qu’il pourrait faire la même chose avec France inter.

Aujourd’hui, familier des plateaux de télévision, penseur reconnu de l’élite médiatique, il tutoie nos plus brillantes personnalités, de BHL à Carla Bruni. Il a d’ailleurs élégamment révélé que c’est par l’intermédiaire de cette dernière qu’il a pu suggérer au président de la république, Nicolas Sarkozy de faire appel à son vieux copain Jean-luc Hees pour présider Radio France. Et c’est donc ainsi, par un loyal retour d’ascenseur, que notre habile Philippe, se trouve aujourd’hui à la tête de la prestigieuse radio française.

Humides de reconnaissance, les collaborateurs de France inter n’ont pas encore trouvé les mots pour remercier le Président Sarkozy pour leur avoir choisi un tel chef, et c’est plein d’entrain et de confiance qu’ils s’apprêtent à lui faire la fête.

Tout comme l’équipe de « Là-bas si j’y suis » qui, un petit bouquet de fleurs à la main, trépigne d’impatience.

L’anti-sarkozysme est-il un humanisme ?


Vous avez quatre heures.
Réformer, réformer, réformer !", répètent sans cesse les sarkozystes en sautant comme des cabris. Mais derrière leur formule magique, sous le fallacieux prétexte de "moderniser" la France, il ne s’agit que d’orchestrer la régression sociale généralisée. Bouclier fiscal d’un côté, refus de l’augmentation du Smic de l’autre. Réforme de l’hôpital visant à privilégier une logique purement marchande, sabrage des remboursements aux malades à qui sont imposés les franchises médicales et augmentation pourtant record du déficit de la Sécurité sociale - que l’État commence par lui payer sa dette colossale ! -, qui justifiera de nouveaux tours de vis et consacrera l’ouverture au privé du juteux marché de la santé, accentuant encore la loi des deux vitesses : une médecine de luxe pour les riches tandis que les pauvres, incapables désormais de se soigner, n’ont qu’à crever. La démarche est parallèle en ce qui concerne l’économie : aides à gogo pour les entreprises d’un côté, salariés livrés au chantage patronal de l’autre. Et en bout de course, consacrant la faillite du débile "travailler plus pour gagner plus", l’explosion du chômage. En particulier celui des jeunes, qui n’empêche néanmoins pas nos gouvernants de suggérer un nouveau retardement du départ à la retraite. Hortefeux parle de 67 ans. Pourquoi pas 70, 75 ? Alors qu’il est quasiment impossible de retrouver un emploi à partir de 50 ans, voire avant... Et le flicage, encore et toujours, la chasse aux soi-disants "fraudeurs" et "tricheurs", la stigmatisation sociale, la stratégie des bouc-émissaires censée camoufler la faillite du système libéral. Emblématique à cet égard, la fusion de l’Anpe et des Assedic au sein de Pôle emploi, effective depuis le 19 décembre 2008. Officiellement, la mission de la nouvelle structure est de "mieux accompagner les demandeurs d’emploi dans leur recherche et aider les entreprises à recruter". Et dans la réalité ?

"Alors que les économistes annoncent que (l’) augmentation du chômage est d’une ampleur sans précédent depuis plus de trente ans, alors que nous savons qu’elle aura des effets profonds et durables sur l’emploi, le gouvernement et la direction de Pôle emploi n’ont d’autre objectif que de mettre à disposition du patronat de la main d’oeuvre à moindre coût, en agissant de façon coercitive sur les travailleurs avec ou sans emploi", dénoncent trois de ses syndicats, CGT, SNU et SUD, qui appellent les agents à se mettre en grève aujourd’hui, s’opposant "à toutes les directives" qui "transforment (les personnels) en auxiliaires de police", "aux convocations impératives des demandeurs d’emploi sous peine de radiation (...) et aux diverses formes de pression pour orienter les demandeurs d’emploi vers les métiers en tension, précaires et mal payés". En ce qui concerne les moyens, "le nombre de demandeurs d’emploi suivi par conseiller est trois fois plus élevé qu’il ne le devrait, et la croissance du nombre de dossiers d’indemnisation provoque des embouteillages", expliquent les syndicats, qui exigent "une augmentation des effectifs de Pôle emploi conséquente, assortie de formations indispensables pour mener à bien des missions répondant aux besoins des usagers, dans le respect du service public", ainsi que "la fin de la sous-traitance aux opérateurs privés de placement, la titularisation des salariés en CDD", et rejettent "le recours à l’intérim". Une démarche résumée en une phrase : "La désorganisation des services provoquée par la course folle à la fusion doit être stoppée".

Concrètement, "Le taux de chômage a fait un bond brutal au premier trimestre, d’une ampleur inédite depuis 1975, frôlant les 10%, écrit 20 minutes. Des agences se sont retrouvées avec 150 demandeurs d’emploi à suivre par conseiller, alors que le gouvernement en préconise 60. Et la plate-forme téléphonique du 3949, dont les tarifs avaient déjà suscité la polémique, est saturée." "La coûteuse plateforme téléphonique du 39 49 est devenue le passage obligé de la « mise en relation » avec les agents. Il est moins que jamais possible d’avoir affaire à quelqu’un pour connaître ou établir ses droits, les ouvrir ou faire un recours", dénonce la Coordination des précaires et intermittents d’Île de France, qui stigmatise Pôle emploi en une machine à précariser, protestant du "problème de l’absence d’interlocuteur subi par les chômeurs : comment sans accueil au guichet prévenir d’une absence à convocation ? Comment exercer le droit d’être accompagné par la personne de son choix lorsqu’un conflit ou un problème de droit intervient et qu’il n’y a pas d’accueil physique ?" humaConcernant "la fin de la sous-traitance aux opérateurs privés de placement", L’Humanité exhume une déclaration de l’actuel PDG de Pôle emploi : « Pour des populations comparables, les résultats sont identiques entre l’ANPE et le privé, mais pour un coût trois fois plus faible à l’ANPE. On peut être public et efficace ! » C’est un certain Christian Charpy qui, en septembre 2006, vantait ainsi vaillamment les mérites du public face aux premiers assauts de la concurrence privée. À l’époque, le haut fonctionnaire est à la tête de l’ANPE et se doit de défendre un minimum la boutique. Aujourd’hui, le même dirige Pôle emploi, organisme issu de la fusion ANPE-Assedic, au statut juridique encore non identifié, mais dont l’esprit et les objectifs penchent nettement vers le privé. Et, fin mars, il déclarait que « les opérateurs privés de placement ne sont pas un sujet tabou au sein de Pôle emploi ». L’heure n’est plus à défendre le service public, mais à organiser sa privatisation, par le biais de deux moyens : d’un côté, la commande, à des organismes privés, de « prestations » ponctuelles comme les ateliers, bilans de compétences et stages d’appui à la recherche d’emploi ; de l’autre, l’externalisation complète, vers des opérateurs privés de placement (OPP), du suivi de demandeurs d’emploi, dès leur inscription au chômage. Phénomènes distincts, mais qui prennent tous deux de l’ampleur. (...) À partir de septembre et sur deux ans, 320 000 demandeurs d’emploi seront confiés au privé, dont le marché s’élargit, aux frais de l’État et de l’assurance chômage. Le budget OPP de Pôle emploi passe ainsi de 88 millions d’euros en 2008 à 100 millions en 2009, puis 200 millions l’an prochain. Une augmentation prévue de longue date, même si Christian Charpy cherche à la faire passer pour un « plan d’urgence » face à l’afflux de chômeurs dû à la crise." À ces chiffres s’ajoutent les 392 millions d’euros pour 2009 destinés à financer les prestations aux chômeurs sous-traitées, qui permettent au quotidien communiste de sous-titrer :"590 millions d’euros offerts au privé !"

Ajoutons enfin une précision sur le volet "auxiliaire de police", citant à nouveau la Coordination des intermittents et des précaires : "Depuis le 9 mars, date d’entrée en vigueur d’une mesure expérimentale visant à authentifier par lampe UV les pièces d’identités des demandeurs d’emploi, la résistance s’organise. « Huit cents agents de l’ex-ANPE sur les mille deux cents de Midi-Pyrénées refusent actuellement d’appliquer cette mesure destinée à faire la chasse aux sans-papiers », explique un porte-parole de SUD-Emploi 31. « Certaines agences ont beau avoir installé la lampe UV, les agents refusent de se former dessus », glisse une salariée. En vigueur depuis 2007 dans les Assedic, cette mesure est aujourd’hui élargie à l’ensemble de Pôle Emploi. « Sauf que les agents ANPE ont un statut public. Nous devons donc appliquer la loi qui nous demande de vérifier et non d’authentifier les papiers », poursuit cette syndicaliste". Comme un parfum prononcé de vichysme...

On trouve ainsi en la réforme créant Pôle emploi le raccourci de l’esprit antisocial de la politique gouvernementale. Et en ce jour où les bacheliers* planchent sur l’épreuve de philosophie, proposons un sujet : "L’anti-sarkozysme est-il un humanisme ?" Vous avez quatre heures.

*Bonne chance Djoolzy !

Merci Plume de presse

Le roi et sa cour

Aucun détail n'a été laissé au hasard dans l'organisation du Congrès, convoqué lundi 22 juin à Versailles pour une allocution présidentielle. Surtout pas le protocole. Car la République est affaire de symboles.
Tout un cérémonial, réglé au millimètre, a dû être inventé pour faire face à cet événement politique inédit, permis par la «modernisation des institutions» de juillet dernier. Le casse-tête était évident: comment la représentation nationale, théoriquement à cheval sur ses prérogatives et la séparation des pouvoirs, devait-elle accueillir le chef de l'Etat français? Avec quels honneurs? Quelle distance?
Car aucun président de la République (à l'exception de Louis Napoléon Bonaparte parachevant son coup d'Etat et d'Adolphe Thiers aux prémices de la Troisième République) n'a jamais pénétré – physiquement – dans un hémicycle parlementaire. Depuis toujours, pour s'adresser aux sénateurs et députés, le chef de l'Etat devait se cantonner à faire lire des messages écrits par des tiers.
Nicolas Sarkozy affectionnant les «grandes» premières, le président de l'Assemblée nationale et du Congrès, l'UMP Bernard Accoyer, a donc accouché, ces dernières heures, d'un protocole qui fera sans doute jurisprudence. Mediapart en dévoile quelques détails. Ils sont forcément significatifs des rapports de pouvoir à la tête de l'Etat.
En premier lieu, c'est un «triumvirat», composé des patrons de l'Assemblée et du Sénat ainsi que du premier ministre, qui viendra «réceptionner» Nicolas Sarkozy à sa descente de voiture, dans une cour du château de Versailles. Une drôle de délégation, diront certains: pourquoi donc François Fillon, qui n'appartient pas à la «force invitante», devrait-il aller chercher le président de la République à sa descente de cortège?
Pour Denys Pouillard, directeur de l'Observatoire de la vie politique et parlementaire, ce «comité d'accueil» signe «un véritable abandon de pouvoir» du chef de gouvernement au chef de l'Etat. Ni plus, ni moins. Pour comprendre l'ampleur du symbole, sans doute faut-il se souvenir que Nicolas Sarkozy avait initialement demandé, à l'été 2007, une réécriture de l'article 20 de la Constitution, qui précise: «Le gouvernement détermine et conduit la politique de la Nation.»
À cette époque, le nouvel hôte de l'Elysée avait espéré biffer le premier verbe, «détermine», pour s'approprier lui-même cette fonction. Sous prétexte de «clarifier» les rôles entre le chef de l'Etat et le premier ministre, il avait souhaité les redistribuer, pour officialiser l'hyperprésidence. Comme la gauche et nombre d'élus de droite avaient manqué s'étrangler, Nicolas Sarkozy avait reculé in fine. Lundi 22 mars, en tout cas, le premier ministre (qualifié un jour de simple «collaborateur» par le président de la République) «conduira» surtout Nicolas Sarkozy – jusqu'à l'aile du Midi, où siègent les parlementaires.
«Je ne vois pas le problème, réagit pour sa part le constitutionnaliste Guy Carcassonne, favorable depuis le départ à la «modernisation des institutions», comme à l'instauration d'un droit d'allocution présidentielle devant les parlementaires. Ça veut simplement dire que les numéros 2, 3 et 4 de la République viennent accueillir le numéro 1. C'est logique!» Dans l'entourage de Bernard Accoyer, on se réjouit mercredi: «Ce sera un moment fort, très solennel.»
Ensuite, Nicolas Sarkozy, qui n'a tout de même pas poussé jusqu'à prévoir une rencontre avec les parlementaires, remontera l'allée avec le seul président de l'Assemblée, qui le mènera jusqu'au salon réservé qui lui servira de bureau. Sur son passage, les Gardes républicains rendront les honneurs. Bernard Accoyer s'est toutefois réservé un «privilège»: lui seul, avant son entrée dans l'hémicycle, aura droit aux roulements de tambour. Une vétille, dans toute cette pompe. Mais un moyen, diront certains, de marquer malgré tout son territoire.
À gauche, enfin, quelques élus ne comprennent pas que Bernard Accoyer ait pu décider, mercredi 17 juin dans l'après-midi, d'inviter au Congrès les ex-présidents de la République (Valéry Giscard d'Estaing et Jacques Chirac), ainsi que la «ribambelle» d'anciens premiers ministres (dont Dominique de Villepin...). Ils voient dans cette initiative, qu'ils soupçonnent dictée par l'Elysée, une forme de mégalomanie. Là encore, ces réactions agacent Guy Carcassonne: «Ils prendront juste place dans les tribunes, avec le public!, relativise le professeur de droit. Qu'aurait-on dit si les anciens présidents n'avaient pas été conviés?! Ne pas le faire, à mon avis, aurait été discourtois.»
Lundi, en tout cas, la République enterrera définitivement le «cérémonial chinois», expression qui désigne l'ensemble de règles introduites dans la Constitution en 1873 pour interdire explicitement au chef de l'Etat de discourir à sa guise dans l'hémicycle. Peut-être parlera-t-on, désormais, d'un «cérémonial Sarkozy». Une page est tournée.

Non sans ironie, Guy Carcassonne rappelle toutefois que le «cérémonial chinois» avait été imaginé par la majorité monarchiste de l'Assemblée nationale pour circonscrire l'influence grandissante du Président Thiers, jugé bien trop républicain...

Fichage, affichage et démocratie



Chanson par Jacques Dutronc

17 juin 2009

3423 bavures policières, 98 flics révoqués

Confrontée à un thème, les bavures, qui "nourrit pas mal de rumeurs et de fantasmes" selon son directeur général, Frédéric Péchenard, la police a décidé de rendre public son raport annuel. Cela n'était pas arrivé depuis au moins deux ans. Selon l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), la police des polices a procédé à 1 348 enquêtes internes en 2008 : 597 sur saisine judiciaire (44,3 %), 426 par des particuliers (31,6 %) et 325 par ses propres services (24,1 %). Des données à mettre en rapport avec "4 millions d'interventions, soit sept interventions à la minute", a relativisé M. Péchenard en présentant, mardi 16 juin, le rapport de l'IGPN. La police, a-t-il ajouté, traite 71 % de la délinquance et réalise 80 % des gardes-à-vue. Cela fait une différence, a poursuivi le directeur général de la police nationale, par rapport à la gendarmerie : " Il est plus facile d'être bien vu dans une petite bourgade de la Creuse que dans un quartier difficile", a-t-il souligné.

La police qui affirme se montrer de plus en plus "sourcilleuse" sur les questions de déontologie, a enregistré une baisse de 13,3 % depuis 2007 du nombre d'allégations contre elle. Mais doit réviser quelques-unes de ses pratiques. "Le tutoiement, on s'en occupe", a lancé M. Péchenard. "C'est une question de discernement, a ajouté Dominique Boyajean, directeur de l'IGPN. Il ne doit pas être généralisé." Après quelques délicates opérations, la ministre de l'intérieur, Michèle Alliot-Marie, a également souhaité que les conditions d'interpellations soient "adaptées" , notamment s'il s'agit de très jeunes mineurs…

En 2008, les "bœufs-carottes" ont enquêté en priorité sur des atteintes aux personnes (43,4 %), des fautes professionnelles, dont les consultations indues de fichiers (31,3 %), et sur les atteintes aux biens comme les vols de scellés par exemple (16,1 %).

En tout, 3 423 sanctions ont été prononcées contre des policiers, soit une hausse de 3,2 % par rapport à 2007. Elles vont du blâme (68 en 2008) à la révocation (98), en passant par l'exclusion temporaire de trois mois à deux ans (134). Devant les conseils de discipline, où sont réprésentés les syndicats "84 % de ces sanctions sont prises à l'unanimité et 12 % à la majorité", s'est félicité M. Boyajean. Tous les corps sont touchés, depuis les commissaires jusqu'aux gardiens de la paix.
Le Monde

16 juin 2009

Copains et coquins


Sarkozy bongo
envoyé par sur_vivant. -

Grenelle poubelle : le vote d'une fiscalité incitative à l'incinération


L'échec du Grenelle I déchets : le vote d'une fiscalité incitative à l'incinération

PARIS - 16 juin 2009 - Le Cniid, membre de l'Alliance pour la Planète, dénonce aujourd'hui l'adoption de dispositions fiscales favorisant l'incinération lors de la deuxième lecture du Grenelle 1 par l'Assemblée nationale.

« En dépit de quelques timides avancées, notamment concernant la gestion séparée des biodéchets, l'Assemblée nationale vient d'apporter son soutien à la technologie de l'incinération et a ainsi raté l'occasion de donner une réelle impulsion vers une politique de prévention des déchets et une gestion écologique basée sur le réemploi, la réutilisation et le recyclage. » explique Sébastien Lapeyre, directeur du Cniid. « Le texte voté hier, de façon expéditive, illustre la récupération du processus du Grenelle par les lobbies de l'incinération » poursuit Sébastien Lapeyre.

Pourtant refusé par le Sénat, l'article 41bis réintégré au texte constitue pour les collectivités une incitation forte à incinérer leurs déchets afin de devenir attractives aux yeux d'entreprises à la recherche d'une fiscalité réduite. Il institue en effet la possibilité d'exonération de taxe foncière pour les entreprises qui se connecteraient à un incinérateur pour utiliser sa chaleur. Les députés ont en outre demandé un rapport gouvernemental sur la possibilité d'alléger la TGAP s'appliquant aux entreprises gérant des centres de stockage si ces dernières construisent des incinérateurs (cf. art.41). La priorité donnée à l'incinération est dorénavant assumée.

« L'adoption d'un moratoire sur la construction de nouveaux incinérateurs d'ordures ménagères, proposée par les ONG au début du Grenelle, aurait pourtant permis d'éviter dès le départ que de telles dérives n'apparaissent » rappelle Sébastien Lapeyre.

Pour le Cniid, les articles 41 et 41bis adoptés le 15 juin 2009 en deuxième lecture par l'Assemblée nationale constituent un recul par rapport au texte voté par le Sénat en février dernier. Le Cniid appelle aujourd'hui les sénateurs à corriger ce mauvais tir lors de la deuxième lecture du Grenelle 1 prévue pour début juillet afin de stopper cette promotion de l'incinération et d'honorer les engagements de l'alinéa 1 de l'article 41 priorisant réduction, réemploi/réutilisation et recyclage, seules alternatives véritablement écologiques.


Contact : Hélène Bourges, 01 55 78 28 62

Censure : Herdict Web, un nouvel outil pour signaler les sites inaccessibles

Ce billet est publié sur Global Voices Advocacy , le site d'un projet de Global Voices destiné à défendre la liberté d'expression en ligne et à combattre la censure sur Internet. · Tous les billets

Global Voices Advocacy (filiale de Global Voices pour la défense de la liberté d'expression sur le Net) est fier d'annoncer le lancement de Herdict Web. Herdict Web est la continuité naturelle de l'OpenNet Initiative ; mais là où l'ONI étudie le filtrage et la censure du Web d'un point de vue universitaire, Herdict Web est un outil multi-sources mis à la disposition des utilisateurs d'Internet pour qu'ils puissent signaler, en temps réel, les problèmes d'accès au Web ou à des sites en particulier dans leur pays.

Le nom Herdict est lui-même est la contraction de “Herd” (troupeau ou cohorte en français) et de ‘verdict.’ Avec l'outil en ligne Herdict Web, n'importe qui, n'importe où, peut signaler les sites qui sont accessibles ou inaccessible. L'outil agrège les signalements en temps réel, et permet aux internautes de vérifier si un accès bloqué est un problème ponctuel et personnel ou partagé par d'autres, offrant ainsi des indications sur les raisons pour lesquelles le site est inaccessible. Les résultats peuvent être visualisés à tout moment, par site et par pays.

La mascotte du projet — un mouton — fait la démonstration du “ verdict du troupeau” dans cette petite vidéo [en anglais]:


Herdict Web est né de la volonté du Professeur Jonathan Zittrain (auteur de The Future of the Internet: And How to Stop It) et est un projet du Berkman Center for Internet & Society.

Pour plus d'informations sur l'outil en ligne Herdict :


* Abonnez-vous par e-mails aux mises à jour, pour être entre autre prévenu de la traduction du site Herdict en d'autres langues.
* Visitez le blog de Herdict
* Regardez et écoutez Jonathan Zittrain présenter l'outil Herdict Web

J'espère que vous vous joindrez à mes collègues et moi-même pour fêter le lancement de Herdict Web !

15 juin 2009

Le développement durable: une pollution mentale au service de l'industrie

Le développement durable laisse entrevoir l'image concrète, à long terme, d'une société plus prospère et plus juste, garante d'un environnement plus propre, plus sûr, plus sain, et offrant une meilleure qualité de vie à nous-mêmes, à nos enfants et à nos petits-enfants. Pour réaliser ses objectifs, il faut une croissance économique qui favorise le progrès social et respecte l'environnement, une politique sociale qui stimule l'économie et une politique de l'environnement qui soit à la fois efficace et économique.
Commission européenne, COM(2001)264

Retenir simultanément deux opinions qui s'annulent alors qu'on les sait contradictoires et croire à toutes les deux. Employer la logique contre la logique. Répudier la morale alors qu'on se réclame d'elle. Oublier tout ce qu'il est nécessaire d'oublier, puis le rappeler à sa mémoire quand on en a besoin, pour l'oublier plus rapidement encore.
George Orwell, 1984.

C’est en 1980, dans un rapport commun du Programme des Nations unies pour l’environnement et du World Wildlife Fund (WWF), qu’apparaît pour la première fois la notion de «développement durable» [1] .
Elle est ensuite mise en avant dans le rapport dit «Brundtland», du nom de la Première ministre norvégienne présidant la commission des Nations unies pour l’environnement et le développement. En voici la définition : «Un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs.»
Il n’existe pas de définition beaucoup plus précise du «développement durable». Sa signification dépend donc des rapports de force sociaux entre différents groupes d’intérêts qui défendent sous ce nom des objectifs qui sont, on va le voir, en grande partie contradictoires. Ceux-ci sont en effet officiellement de trois types : maintenir l’intégrité de l’environnement, améliorer l’équité sociale, améliorer l’efficacité économique. Selon les agents sociaux concernés, défenseurs de l’environnement, industriels ou États (plus ou moins industrialisés), le « développement durable » recouvrira donc des priorités tout à fait différentes, sans pour autant que la signification qui s’est imposée dans le sens commun – synonyme de respect de l’environnement et devenue un instrument de marketing politique et commercial – en soit affectée.

Le « développement durable » au service de l’industrie
Les industriels ont résumé à leur façon ces trois objectifs: les «3 P», c’est-à-dire les «trois pôles interdépendants du développement durable de l’humanité : équité sociale (People), préservation de l’environnement (Planet), efficacité économique (Profit)».

La Commission européenne proclame quant à elle que «le développement durable laisse entrevoir à l’Union européenne l’image concrète (sic), à long terme, d’une société plus prospère et plus juste, garante d’un environnement plus propre, plus sûr, plus sain, et offrant une meilleure qualité de vie à nous-mêmes, à nos enfants et à nos petits-enfants. Pour réaliser ces objectifs, il faut une croissance économique qui favorise le progrès social et respecte l’environnement, une politique sociale qui stimule l’économie et une politique de l’environnement qui soit à la fois efficace et économique [2] ». On voit clairement, dans la dernière partie de la phrase, que la politique de l’environnement est soumise aux objectifs économiques – une déclaration qui correspond d’ailleurs au rapport de force entre la DG Environnement et les DG Marché unique et Commerce de la Commission. Au passage, relevons que « développement durable » est une notion suffisamment souple («une politique sociale qui stimule l’économie…») pour qu’on puisse l’invoquer afin de légitimer des politiques de déréglementation du marché de l’emploi [3] C’est bien la croissance qui est ici la source du progrès social et du respect de l’environnement (« une croissance économique qui favorise le progrès social et respecte l’environnement…»): ce qui revient à établir un lien mécanique entre la réalisation du premier objectif du «développement durable», le développement, et les deux autres, le respect de l’environnement et des règles d’équité.

Dans cette optique, dérèglementer l’activité des entreprises et flexibiliser le marché du travail aurait la vertu de permettre aux entreprises d’investir plus de profits dans la recherche de technologies «propres» («éco-industries») et donc de protéger l’environnement et aussi d’augmenter le «bien-être» social [4] . Le corollaire est qu’on ne saurait ni imposer de réglementations environnementales à l’industrie ni limiter sa capacité de développement pour sauvegarder la planète. C’est ce que certains appellent aussi la «croissance verte», vertigineux renversement de perspective si l’on se souvient que le Programme des Nations unies pour l’environnement entendait répondre aux analyses du club de Rome qui prônait alors la croissance zéro.
Devant les immeubles de la commission à Bruxelles, une sculpture en béton figurant un engrenage industriel muni d’un pot d’échappement entraînant les pétales d’une marguerite illustre aussi assez fidèlement, si ce n’est esthétiquement, cette résolution de la quadrature du cercle productiviste durable (voir l'illustration plus haut.)
On comprendra un peu plus concrètement ce qui se cache sous ce charabia en consultant le rapport d’évaluation de la «Stratégie de Lisbonne à mi-parcours», paru en 2004. Le «groupe de haut niveau» mis en place par la Commission européenne donne notamment cet exemple: «Seuls trois Chinois sur mille possèdent actuellement, une voiture, mais, à mesure que le niveau de vie augmentera, la Chine pourrait devenir le plus grand marché automobile du monde. Dans le même temps, compte tenu de l’ampleur des problèmes de pollution atmosphérique et de l’accroissement de la demande de pétrole, le gouvernement chinois s’efforce de rattraper les normes européennes pour les émissions des véhicules d’ici à 2010. Ces éléments, combinés aux revenus relativement peu élevés en Chine, inciteront les consommateurs à choisir des véhicules plus propres et consommant moins de carburant. Les fabricants de l’Union européenne sont en bonne position pour répondre à cette demande. [5] » Cette «solution» (toujours plus de voitures mais plus propres) a été directement prônée par l’industrie elle-même, à travers le Conseil mondial des affaires pour le développement durable (WBCSD), puissant lobby patronal créé, dans la perspective du sommet de la terre de Rio, par l’industriel suisse Stephan Schmidheiny, à la demande de Maurice Strong, alors président de la commission des Nations unies pour l’environnement après avoir présidé le Forum économique mondial de Davos [6] . Le groupe de travail pour la «mobilité durable» de cette ONG patronale réunit les principaux groupes énergétiques et automobiles, dont BP, DaimlerChrysler, General Motors, Michelin, Norsk Hydro, Renault Shell et Toyota. Il prétend développer une vision à long terme de la mobilité mais fait l’impasse sur l’insoutenabilité inhérente à une augmentation toujours plus grande des volumes transportés sur des distances toujours plus grandes, et cela au nom du deuxième principe, l’équité sociale. En effet, dans son rapport 2003, le groupe met l’accent sur le fait que ce sont «les transports qui ont créé la possibilité de la vie telle que nous la connaissons dans le monde développé», caractérisée par l’«accès aux biens et services». Et l’un des objectifs est de «réduire la fracture de la mobilité» qui frappe les pays pauvres et les populations socialement défavorisées partout dans le monde… les empêchant de «parvenir à de meilleures conditions de vie pour eux et leurs familles» [7] .

S’appuyer ainsi sur le principe d’équité inclus dans la définition du «développement durable» pour contrer les critiques du productivisme est devenu une stratégie courante. Lorsqu’une association, Actionconso, dénonce la campagne de marketing «Consommer mieux, c’est urgent», lancée à l’occasion de la parution du «Rapport de développement durable [8] » des hypermarchés Carrefour, le groupe s’offre le luxe de publier sur son site la lettre de l’association et la «réponse» du PDG. En bon populiste de marché [9] , celui-ci rejette toute idée d’une réduction de la consommation au nom de «la démocratisation de la consommation» et en soutien aux «moins aisés» («People»), s’appuyant sur la « définition du développement durable, énoncée pour la première fois en 1987 par les Nations unies dans le rapport Brundtland …: consommer en réfléchissant sur le long terme». Cette définition est évidemment imposée comme cadre de toute négociation avec les défenseurs de l’environnement. Ceux qui ne l’acceptent pas – autrement dit qui refusent d’intégrer la compétitivité des entreprises et l’objectif de croissance à leurs problématiques écologistes – tendent à être exclus du débat public et du «Dialogue». Certains sont accusés d’appartenir à des «organisations extrémistes» alors que ces ONG ne font que défendre leur raison sociale – comme les entreprises défendent la leur: faire des profits. À l’inverse, les «éco-réalistes», comme le WWF, sont particulièrement choyés par le monde de l’entreprise [10]

L’objectif des industriels devenus chantres du «développement durable» est d’éviter à tout prix une quelconque réglementation contraignante en échange de promesses basées sur des codes de conduite volontaires. Les Nations unies ont contribué à crédibiliser cette idéologie angélique en lançant, lors du forum de Davos de 1999, le Pacte mondial des entreprises, «concocté par la Chambre de commerce internationale» [11] . À travers celui-ci, les entreprises «s’engagent», sans le moindre contrôle ni obligation de résultats, dans les domaines de l’environnement, du social et des droits de l’homme et qu'importe si en 2005, 60% des entreprises participantes n’avaient pas fourni de rapport de suivi à l’ONU [12] . Elles y gagnent le label de l’ONU transformé en instrument de marketing: selon un institut de sondage, 75% des sondés dans 18 pays déclaraient que leur confiance dans une multinationale augmenterait si elle entrait en partenariat avec l’ONU pour le progrès social [13] .

Les écologistes auraient donc tort de prendre à la légère les stratégies de verdissement de l’industrie et de la grande distribution, lesquelles, par la réforme du vocabulaire, affectent désormais nos façons de penser. D’autant qu’un certain nombre d’organisations écologistes nouent des «partenariats pour le développement durable» avec les principaux pollueurs. C’est le cas du WWF, devenu la caution «des entreprises multinationales qui contribuent par des fonds importants (à son) travail de conservation» et sont ainsi assurées en retour d’une «relation unique qui améliorera (leur) image de marque et valorisera (leurs) stratégies marketing et communication» – coût de l’opération pour le groupe Lafarge: 5 millions d’euros sur 5 ans [14] .Lire la suite sur le site de revues.org
BenoÎt Eugène

Le texte complet est paru dans le n°34 de la Revue Agone (2005) intégralement en ligne sur le site de revues.org

Notes
[1] En anglais «sustainable développement», également traduit par «développement soutenable». Les hésitations sur la traduction d’une expression apparue dans les documents de l’ONU, organisation qui a le français comme langue officielle, constituent déjà un fort indice de l’ambiguïté d’un terme, dont le sens dépend des rapports de force. UICN/PNUE/WWF, Stratégie mondiale de la conservation : la conservation des ressources vivantes au service du développement durable, Union internationale pour la conservation de la nature et de ses ressources, Programme des Nations unies pour l’environnement et Fonds mondial pour la nature, Gland, Suisse, 1980.
[2] «Développement durable en Europe pour un monde meilleur: stratégie de l’Union européenne en faveur du développement durable», communication de la Commission, COM(2001) 264.
[3] De fait, le «progrès social» est lui-même un effet mécanique de la croissance qui doit donc être favorisée par la déréglementation des politiques sociales, ce qui produira plus de croissance donc plus de richesse donc plus de social selon la «stratégie de Lisbonne».
[4] Un programme très exactement déclaré dans le projet de traité constitutionnel européen (rejeté notamment par les électeurs français le 29 mai 2005), qui inscrit au sommet de la hiérarchie des normes la «compétitivité des entreprises».
[5] Commission européenne, «Relever le défi. La stratégie de Lisbonne pour la croissance et l’emploi», Office des publications officielles des Communautés européennes, Luxembourg, 2004.
[6] Sur le WBCSD, lire Observatoire de l’Europe industrielle, ''Europe Inc. Comment les multinationales construisent l’Europe et l’économie mondiale'', Agone, 2005, p. 303-317.
[7] WBCSD, « Mobility 2030: meeting the challenges of sustainability. The sustainable mobility project, full report », 2004
[8] «La publication de bilans sociaux et environnementaux est devenue du dernier chic dans le domaine de la CSR (responsabilité sociale des entreprises). Véritables gourous du verdissement, Shell et BP ont utilisé, avec beaucoup de succès, cette méthode comme partie intégrante de leurs stratégies sophistiquées de relations publiques pour restaurer leur image écornée. Le rapport «pionnier» de Shell, People, planet and profits, reste perçu comme à l’origine d’une véritable révolution dans les milieux de la CSR. La position rusée adoptée par exemple par Shell sur la question du changement climatique l’a mis bien en cour, sur la foi de sa seule rhétorique, auprès de groupements tels que Familles contre Bush. Le succès de l’opération cosmétique de Shell a fait des envieux et de plus en plus d’entreprises tentent de le reproduire» (lire Europe Inc…, op. cit., p. 316-317).
[9] Sur le populisme de marché, lire Thomas Franck, ''Le Marché de droit divin. Capitalisme sauvage et populisme de marché'', Agone, 2003.
[10] Lire John Stauber & Sheldon Rampton, ''L’Industrie du mensonge. Lobbying, communication, publicité & médias'', Agone, 2004, chapitre IX.
[11] Lire ''Europe Inc''…, op. cit., p. 398-399.
[12] lire Greenbiz, «UN global compact participants report progress so far», 19 juillet 2005.
[13] Ibid.
[14] Communiqué de presse des Amis de la Terre, 25 novembre 2003. (On ne doit pas s’étonner des affinités profondes de la branche française du WWF avec la grande distribution: son directeur fut auparavant PDG des 3 Suisses puis des Galeries Lafayette.)

14 juin 2009

La censure par le vide

Censuré en France: "Sarkozy, Israël, et les Juifs"

par Me. John Bastardi Daumont
Réaction de Me John Bastardi Daumont, Avocat de Paul Eric Blanrue, auteur de "Sarkozy, Israël, et les Juifs"
Concernant le scandale touchant Paul Eric Blanrue pour son livre intitulé « Sarkozy, Israël, et les Juifs », je me borne à un simple constat.
Mon client est un chroniqueur respecté de la revue Historia, et auteur de nombreux ouvrages. Ses livres se vendent habituellement bien dans notre pays, il n'a jamais eu de problème de diffusion, jusqu'à aujourd'hui.
Le voilà, en France, contraint en raison de son sujet, qu'il traite d'ailleurs très sereinement, de chercher à l'étranger un éditeur, d'expatrier sa pensée, son enquête, son travail, car toutes les personnes contactées dans le milieu de l'édition française ont refusé. Sans parler de celles qui répondirent par un éloquent silence.
Le voilà contraint d'éditer en Belgique, comme Voltaire en son temps s'expatriait en Hollande, et de fournir sa recherche au courageux éditeur: « Oser Dire »
Mais, pas de diffusion française, en raison d'un refus du diffuseur travaillant habituellement avec cette maison.
Mon client peut il attaquer en justice le seul éditeur courageux car la diffusion française ne se fait pas? Juridiquement, oui, moralement, non.
Paul Eric Blanrue est un homme d'honneur et ne compte pas cracher dans la seule main qu'on lui tend lorsqu'il est à terre.
L'éditeur peut il de son côté attaquer un diffuseur qui refuse, lorsque c'est son principal partenaire comme c'est souvent le cas? ici encore, délicat, et procéduralement, long.
Or, cet ouvrage est d'actualité.
Une question se pose alors, lorsque l'audace du monde littéraire quitte le pays de la Liberté?
Est ce le thème ou le contenu qui intimide?
Ce n'est pas à moi de me prononcer, mais de constater la seconde question, en réaction.
Qui est lésé?

1/ La Liberté d'expression, dans le pays où elle naquit.
2/ Le droit légitime à l'information du public français.

Que l'on donne la possibilité aux français de lire, et ensuite, la critique pourra s'opérer. L'esprit français est réputé mondialement pour son ouverture, et sa capacité au débat.
Si le contenu de livre suscite des réactions judiciaires, nous sommes prêts à y répondre, tout naturellement.
L'ouvrage est traduit en quatre langues, et sera diffusé dans les librairies Belges, au Canada, en Angleterre, au Moyen Orient et ailleurs, sauf en France.
Que pensera alors l'opinion de ces pays face à cette situation inédite?
Aprés les délits d'opinion, les lois proclamatrices d'histoire, une nouvelle forme de censure est née en France, et ne touche pas seulement mon client, ce que l'actualité récente a démontré plusieurs fois ces derniers mois.
J'appelle cela : la censure par le vide.
En ma qualité d'avocat et de citoyen français, je revendique le droit de la dénoncer publiquement.
John Bastardi Daumont.

Mondialisation

Agent orange : le tribunal international d'opinion de Paris condamne les Etats-Unis et les firmes étatsuniennes


Un Tribunal international d'opinion s'est réuni à Paris. Les juges venaient du monde entier.
Le Président de ce tribunal était Jintendra SHARMA, juge de la Cour suprême de Delhi, Inde. Il était assisté des juge suivant de calibre international: Juge Juan GUZMAN (Chili); Juge Claudia MORCOM (États-Unis); Juge Marjorie COHN (États-Unis); Juge Gavril Iosif CHIUZBAIAN (Roumanie, ministre de la Justice); Juge Adda BEKKAROUCH (Algérie); Juge Shoji UMEDA (Japon).
Le rapport de mission a été déposé par Maître William BOURDON (France).
Après 15 heures de déposition par 27 victimes (venues du Viêt-Nam, des États-Unis et de Corée), témoins et experts scientifiques -dont 12 membres du Comité International de Soutien aux victimes vietnamiennes de l'Agent Orange (CIS) - , 41 heures plus tard le tribunal rendra public, sur la base du droit international, le "sommaire exécutif de sa décision". (le rapport complet du Tribunal et son "sommaire exécutif" seront déposés auprès du gouvernement vietnamien dans un délai de 4 semaines)
Le Tribunal international d'opinion de Paris condamne conjointement les États-Unis d'Amérique et les firmes étasuniennes à une somme permettant la constitution d'une "commission Agent Orange" vietnamienne (pouvant comprendre des experts étrangers) chargée d'établir dans un délai d'un an la facture finale de tous les dédommagements environnementaux, physiques et psychologiques passés, présents, à venir et induits.
Le tribunal recommande de prendre pour "base proportionnelle" la somme de 1,52 billion de dollars qui correspond à la somme annuelle versée par le gouvernement des États-Unis d'Amérique aux vétérans étasuniens victimes de l'Agent Orange.
Le rapport complet du Tribunal sera publié lorsqu'il sera diffusé dans la communauté internationale.
aluons le courage de ces Juges qui, hors de toutes pressions économiques et d'États, ont fait fi des relations diplomatiques internationales et financières pour réanimer le droit international et privilégier la justice. Une page d'Histoire vient de s'ouvrir.

Une délégation sera constituée pour remettre le rapport de ce Tribunal en main propre au Président des États-Unis d'Amérique, au Président de la République Socialiste du Viêt-Nam ainsi qu'au Secrétaire général de l'ONU.

En savoir plus :
Viet-Nam dioxine
Ambassade du VietNam en France
HNS Info

Ni Rétention Ni Expulsion : Camp No-Border à Calais


Du 23 au 29 juin à Calais se tiendra un camp pour la liberté de circulation pour tous et toutes et la fin des frontières et des contrôles migratoires.
Le camp No Border de Calais est un projet mené par des militantEs françaisEs et belges, et des groupes de soutien français en coopération avec le réseau No Borders britannique. Il vise à mettre en lumière la situation à Calais et dans le nord de la France, construire des liens avec les communautés de migrantEs, contribuer à développer les liens entre les groupes qui les soutiennent, et enfin défier les autorités sur le terrain pour protester contre la répression croissante contre les migrantEs et les militantEs de la région.

Le camp revendique la liberté de circulation pour tous et toutes, la fin des frontières et des contrôles migratoires. Nous appelons à un mouvement radical contre les systèmes de contrôle qui nous divisent entre citoyenNEs et non-citoyenNes, entre avec et sans papiers.

Nous nous situons dans la ’tradition’ des camps No Border organisés dans le monde entier depuis une quinzaine d’années, à Strasbourg en 2002, en Angleterre en 2007, à la frontière américano-mexicaine ou en Ukraine en 2007, et nous sommes en lien avec le camp No Border de Lesbos d’août 2009... ChacunE est conviéE à se joindre au camp pour discuter et débattre de la question des frontières et de la liberté de circulation et d’installation, à imaginer et participer à des actions symboliques, vivre collectivement avec les migrantEs du Calaisis et les militantEs et participer à la grande manif du samedi 27 juin !

CALAIS CONTINUE DE FRAPPER FORT
Après les nombreuses gardes à vue et procès pour de justes révoltes, une militante de SOS SOUTIEN Ô SANS PAPIERS est poursuivie pour délit de diffamation pour ses propos :

"MR GAVORY LA FRANCE DE PETAIN ON LUI OBEIT OU ON LA COMBAT , M. GAVORY A CHOISI."

NOUS SOMMES TOUS DES DELINQUANTS ET DES DESOBEISSANTS.

Après les justes révoltes et incendies dans les centres de rétention, ce n’est pas en nous criminalisant systématiquement, comme l’ont fait DATI et HORTEFEUX avec leurs plaintes, que les solidarité s’arrêteront. Ce n’est pas en bâillonnant ZETKIN , que vous la ferez taire.

MR GAVORY porte plainte pour ce juste rapprochement contre ZETKIN, qui dénonce :

CHASSES A L HOMME . RAFLES ETHNIQUES DELATION ET FICHAGE VIOLENCES ET HUMILIATIONS ALLANT JUSQU’AU MARQUAGE DES REFUGIES SUR LE BRAS, les mêmes pratiques de la France de Vichy et de sa police.

MR GAVORY, cette politique du chiffre que dénonce ZETKIN est effectivement une politique RACISTE.

MR GAVORY sous préfet en appel au tribunal correctionnel pour se venger de ne pas avoir pu renvoyer a une mort certaine 70 afghans qu’il avait raflés.

ALORS OUI MR GAVORY, LA FRANCE DE PETAIN ON LUI OBEIT OU ON LA COMBAT!