23 août 2009

Et de trois!

20 août 2009

Et de deux!





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18 août 2009

Mangez des bananes, mais pas nimporte lesquelles!



D’Arbenz, 1954, à Zelaya, 2009 : Chiquita en Amérique Latine,N.Kozloff.


Quand l’armée du Honduras a renversé le gouvernement démocratiquement élu de Manuel Zelaya, il y a deux semaines (Ndt : un peu plus maintenant !), il y eut un soupir de soulagement dans les conseils d’entreprise de Chiquita Banana. Un peu plus tôt cette année, la compagnie basée à Cincinatti s’était jointe à Dole [1] pour critiquer le Gouvernement de Tegucigalpa qui avait augmenté le salaire minimum de 60%. Chiquita se plaint que la nouvelle législation rend ses frais plus élevés qu’au Costa Rica et diminue ainsi les profits de la compagnie : pour être exact, 20 centimes de plus pour produire un cageot d’ananas et 10 de plus pour un de bananes. Chiquita se lamente qu’elle perdra plusieurs millions à cause de la réforme de Zelaya puisqu’elle produit environ 8 ou 22 millions de caisses d’ananas ou de bananes par an, respectivement.

Quand le décret sur le salaire minimum a été publié, Chiquita a cherché de l’aide et appelé le Conseil Hondurien de l’Entreprise Privée, connu sous son acronyme Espagnol COHEP. Comme Chiquita, le COHEP était mécontent des mesures de Zelaya sur le salaire minimum. Amilcar Bulnes, le président du COHEP, disait que si cette mesure était appliquée, elle forcerait les patrons à licencier des employés et ferait monter le taux de chômage du pays. Le COHEP, l’organisation d’affaire la plus importante du Honduras, regroupe 60 chambres de métiers et de commerces dans tous les secteurs de l’économie Hondurienne. Selon son propre site Web, le COHEP est le bras politique et technique du secteur privé Hondurien, qui établit les accords de commerce et assure “un soutien essentiel au système démocratique“.

La communauté internationale ne doit pas prendre de sanctions économiques contre le régime de Tegucigalpa issu du coup d’Etat, dit le COHEP, car cela aggraverait les problèmes sociaux au Honduras. Dans son nouveau rôle de porte-parole des pauvres du Honduras, le COHEP déclare que le Honduras a déjà assez souffert de tremblements de terre, de pluies diluviennes et de la crise financière mondiale. Avant de sanctionner le Honduras à coup de mesures punitives, déclare le COHEP, l’ONU et l’Organisation des Etats Américains devraient envoyer des observateurs au Honduras pour analyser comment ces sanctions pénaliseraient les 70% de Honduriens qui vivent dans la pauvreté. En même temps, Bulnes a apporté son soutien au coup d’Etat de Roberto Micheletti et déclaré que les conditions au Honduras n’étaient pas propices au retour d’exil de Manuel Zelaya.


Chiquita : d’Arbenz au Bananagate


Il n’est pas étonnant que Chiquita recherche et s’allie aux forces politiques et sociales les plus rétrogrades du Honduras. Colsiba, la Coordination Latino-Américaine des Syndicats des Bananeraies, dit que la compagnie fruitière n’a jamais accordé la moindre protection à ses travailleurs et s’est toujours abstenue de signer des conventions collectives de travail, que ce soit au Nicaragua, au Guatemala ou au Honduras.

Colsiba compare les conditions infernales de travail dans les plantations de Chiquita aux camps de concentration. Bien que provocante, cette comparaison contient une part de vérité. Les femmes travaillent dans les plantations de Chiquita de 6 heures du matin à 7 heures du soir, leurs mains brûlant dans des gants de caoutchouc. Certains ouvriers sont âgés de 14 ans. Les travailleurs de la banane d’Amérique Centrale ont poursuivi Chiquita pour avoir été exposés au DBCP (DiBromoChloroPropane), un dangereux pesticide utilisé dans les plantations, et qui provoque la stérilité, des cancers et des malformations à la naissance.

Chiquita, anciennement connu comme la United Fruit Company puis United Brands, a une longue et sordide histoire dans la politique de l’Amérique Centrale [2]. Dirigée par Sam Zemuray ou “Banana Man“, United Fruit entre dans le business de la banane au début du 20ème siècle. En ce temps, Zemuray a émis la célèbre remarque “Au Honduras, un mulet coûte plus cher qu’un membre du Parlement“. Dans les années 1920, United Fruit contrôle 650.000 acres -environ 250.000 hectares- des meilleures terres du Honduras, à peu près le quart des terres cultivables du pays. En plus, elle contrôle d’importantes routes et voies ferrées.

Au Honduras, les compagnies fruitières étendent leur influence dans tous les domaines, y compris militaires et politiques, ce qui leur a valu le surnom de pieuvre. Ceux qui ne jouaient pas le jeu de ces corporations étaient souvent retrouvés la face contre le sol dans les plantations. En 1904, l’humoriste O. Henry inventa le terme “Républiques Bananières“ pour désigner la célèbre United Fruit Company et ses actions au Honduras.

Au Guatemala en 1954, United Fruit a soutenu le coup d’état militaire fomenté par la CIA contre le Président Jacob Arbenz, un réformateur qui avait mis en train un ensemble de réformes agraires. Le renversement d’Arbenz généra plus de trente ans d’instabilité et de guerre civile au Guatemala. Plus tard en 1961, United Fruit prêta ses bateaux aux exilés Cubains entraînés par la CIA pour renverser Fidel Castro à la Baie des Cochons.

En 1972, United Fruit (alors renommée United Brands) propulse au pouvoir le Général Hondurien Oswaldo López Arellano. Le tristement célèbre scandale du “Bananagate”, pots-de-vin versés par la United Fruit à Arellano, oblige le dictateur à partir. Un grand jury fédéral a accusé United Brands d’avoir soudoyé Arellano avec 1.25 million de dollars, et la promesse d’un second versement identique si le militaire acceptait de réduire les taxes sur les exportations de fruits. Pendant le scandale du Bananagate, le Président de la United Fruit est tombé d’un gratte-ciel de New York, apparemment un suicide.

La prospérité des années Clinton et la Colombie

United Fruit a aussi des affaires en Colombie et pendant ses opérations en Amérique du Sud y a développé des façons de faire aussi marquées. En 1928, 3.000 travailleurs se mirent en grève contre la compagnie pour demander de meilleurs salaires et conditions de travail. La firme refuse initialement de négocier, mais cède finalement sur des points mineurs, déclarant les autres revendications “illégales“ ou “impossibles“. Quand les grévistes ont refusé de cesser le mouvement, l’armée a ouvert le feu, faisant de nombreux morts.

Vous pourriez croire qu’après cela Chiquita aurait revu sa politique envers les travailleurs, mais vers la fin des années 90 la compagnie s’est adjoint des alliés inquiétants, en particulier des paramilitaires d’extrême droite. Chiquita a payé plus d’un million de dollars à ces hommes. Pour sa défense, Chiquita a déclaré qu’elle payait juste les paramilitaires pour sa sécurité.

En 2007, Chiquita a versé 25 millions de dollars d’amende après une enquête du Département de la Justice sur ces paiements. Chiquita fut la première compagnie de l’histoire des USA jugée coupable de liens financiers avec une organisation terroriste.

Dans un procès contre Chiquita, les victimes de la violence paramilitaire ont affirmé que la compagnie avait encouragé des atrocités comme le terrorisme, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. Un défenseur des plaignants a dit que les relations de Chiquita avec les paramilitaires “avaient pour but de s’assurer le contrôle de tous les aspects de la distribution et de la vente des bananes en faisant régner la terreur“.

A Washington D.C., le chef de direction de Chiquita, Charles Linder, s’est occupé de démarcher la Maison-Blanche. Linder a été un grand bailleur de fonds du Parti Républicain avant de couvrir d’argent le Parti Démocrate et Bill Clinton. Clinton dédommagea Linder en soutenant militairement et sans réserves le gouvernement d’Andrés Pastrana (Président de la Colombie de 1998 à 2002) qui régna pendant la période de prolifération des escadrons de la mort d’extrême droite. A cette époque, les USA établissaient leurs programmes de libre échange commerciaux avec leurs “amis“ d’Amériques Latines, sous la supervision stratégique d’un vieil ami d’enfance de Clinton, Thomas McLarty ou “Mack“. McLarty était secrétaire Général et Envoyé Spécial en Amérique Latine de la Maison-Blanche. C’est un personnage intriguant dont je reparlerais bientôt.

La filière Holder-Chiquita

Etant donné le passé trouble de Chiquita en Amérique Centrale et en Colombie, il n’est pas surprenant que la compagnie ait voulu s’associer à la COHEP au Honduras. En plus de courtiser les milieux d’affaires au Honduras, Chiquita a aussi cultivé les relations avec des puissantes firmes juridiques à Washington. Selon le Center for Responsive Politics (Centre pour une Politique Réactive), Chiquita a déboursé 70.000 dollars en frais de lobbying auprès des compagnies Covington et Burling pendant ces trois dernières années.

Covington est une puissante firme juridique qui conseille les sociétés multinationales. Eric Holder, le Procureur Général actuel, un co-président de la campagne d’Obama et ex-Procureur Général Adjoint sous Bill Clinton, était jusqu’à peu un conseiller de cette firme. Chez Covington, Eric Holder a défendu Chiquita comme conseiller principal dans son procès avec le Ministère de la Justice. De son perchoir au nouveau et élégant siège de la direction de Covington, près de l’immeuble du New York Times à Manhattan, Holder a préparé Fernando Aguirre, le directeur général de Chiquita, pour un entretien avec “60 Minutes“ [3] sur les escadrons de la mort Colombiens.

Holder fit plaider la compagnie fruitière coupable sur un point, “son implication dans des transactions avec une organisation terroriste mondiale reconnue“. Mais le juriste, qui touchait un salaire conséquent à Covington, plus de 2 millions de dollars, négocia un marché de rêves dans lequel Chiquita ne paya que 25 millions de dollars sur cinq ans. Scandaleusement, aucun des six officiels de la compagnie qui avaient approuvé les paiements n’alla en prison.

Le cas curieux de Covington

Creusez un peu et vous trouverez que Covington non seulement représente Chiquita, mais est aussi une sorte de centre névralgique utilisé par la droite dans ses tentatives de promouvoir une politique étrangère déstabilisatrice en Amérique Latine. Covington a mené une alliance stratégique importante avec Kissinger (Chili, fameuse année 1973) et les Associés McLarty (oui, le même Mack McLarty que celui de Bill Clinton), une firme internationale de conseil en stratégie renommée.

De 1974 à 1981 John Bolton à été associé chez Covington. En tant qu’ambassadeur des Etats Unis aux Nations Unies sous George Bush, Bolton fut un critique féroce de la gauche en Amérique Latine, par exemple d’Hugo Chavez au Venezuela. De plus, il y a peu, John Negroponte est devenu le vice-président de Covington. Negroponte est un ancien secrétaire d’Etat Adjoint, directeur du Renseignement National et ambassadeur des USA aux Nations Unies.

Negroponte, en tant qu’ambassadeur des USA au Honduras de 1981 à 1985, a joué un rôle majeur dans l’aide des USA aux rebelles de la Contra qui voulaient renverser les Sandiniste au Nicaragua. Des défenseurs des droits de l’homme ont accusé Negroponte d’ignorer les violations de ces droits commises par les escadrons de la mort du Honduras, qui ont été payés et en partie entraînés par la CIA. Bien sûr, quand Negroponte était ambassadeur, l’immeuble qu’il occupait à Tegucigalpa est devenu un des plus grands centre névralgique de la CIA en Amérique Latine avec un décuplement de son personnel.

Bien qu’il n’y ait aucune preuve reliant Chiquita au coup d’Etat récent au Honduras, il y a une convergence de faits troublants et de politiciens importants impliqués pour exiger une enquête plus poussée. Du COHEP à Covington, en passant par Holder, Negroponte et McLarty, Chiquita a recherché des amis haut placés, amis qui n’ont aucun penchant pour les politiques progressistes sur le travail soutenues par le régime de Zelaya à Tegucigalpa.

NIKOLAS KOZLOFF


source : www.counterpunch.org

Traduction Laurent EMOR pour le Grand Soir http://www.legrandsoir.info

Nikolas Kozloff est l’auteur de Revolution ! South America and the Rise of the New Left (Révolution / L’Amérique du Sud et la montée de la nouvelle gauche) (Palgrave-Macmillan, 2008). Consultez son blog sur senorchichero.blogspot.com.

[1] Historiquement la Dole est la “Hawaiian Pineapple Company“ qui s’installe à Hawaï en 1851 où elle est soupçonnée d’avoir participé à l’éviction de la dernière reine d’Hawaii et aidé les États-Unis à en faire un de ses territoires.

[2] Lire “Le pape vert“ de Miguel Angel Asturias (Albin Michel, 1956)

[3] 60 Minutes, un magazine télévisé d’information américain produit par CBS News et diffusé par CBS est régulièrement en tête des sondages d’audience.

Boycott Chiquita!

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La prison : suicides des détenus et des gardiens

17 août 2009

Préfet raciste

L'enquête ouverte par le parquet de Créteil pour "injures publiques à caractère racial" dira si le préfet hors cadre Paul Girot de Langlade, 63 ans, a réellement tenu, à Orly, le 31 juillet, les propos qui motivent la plainte déposée le même jour par une femme agent de sécurité à l'aéroport.

Selon la plaignante, M. Girot de Langlade aurait lancé sur elle le contenu de ses poches après qu'elle lui eut demandé de les vider, le portique de sécurité ayant sonné. "On est là où ? On se croirait en Afrique ici", se serait-il exclamé, avant de déclarer : "De toutes façons, il n'y a que des Noirs ici."

L'intéressé dément ces propos et dénonce une "manipulation". Il reconnaît seulement s'être énervé. En 2002, M. Girot de Langlade, alors préfet du Vaucluse, avait déclaré publiquement son hostilité à l'égard des gens du voyage : "Je n'ai pas de tendresse particulière pour ces gens-là. Ils vivent à nos crochets, de la rapine aussi, tout le monde le sait."

Quatre ans plus tard, devenu préfet d'Indre-et-Loire, il avait estimé : "Il y en a trop (des gens du voyage) sur le département." Les plaintes déposées contre lui n'avaient pas abouti à une condamnation pour des raisons juridiques.

Il n'empêche : qu'un haut représentant de l'Etat garant des valeurs de la République et de la cohésion sociale parle de "ces gens-là" à propos d'une catégorie de la population, la stigmatisant au surplus en l'estimant en surnombre, est tout simplement inacceptable. En 2007, le préfet Girot de Langlade avait d'ailleurs été placé "hors cadre" après ces propos.

Que le pouvoir actuel ait choisi un haut fonctionnaire ayant ce profil pour coordonner les Etats généraux de l'outre-mer, apparaît au minimum comme une maladresse. L'empressement du ministre de l'intérieur, Brice Hortefeux, à suspendre l'intéressé de sa fonction après l'ouverture d'une enquête ne va d'ailleurs pas sans hypocrisie : la mission du préfet était quasiment achevée depuis la remise de son rapport, le 30 juillet.

Reste le contexte dans lequel s'inscrivent les propos prêtés à M. Girot de Langlade : celui d'une France où avoir affaire à un employé noir ne va pas de soi, où être français mais non blanc de peau continue de poser question.

Le 7 juin, le maire (PS) d'Evry, Manuel Valls, n'avait pas hésité à estimer qu'il n'y a pas assez "de Blancs, de white, de blancos" dans une brocante de sa ville. Déclaration plus que problématique, là encore. L'habillage sociologique qu'a fourni après coup M. Valls ne fait que masquer une confusion bien périlleuse et qui n'est pas rare, entre le racial et le social.

Le Monde,17 août 2009

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HADOPI, c'est toujours non.

16 août 2009

Les bruits du silence.



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13 août 2009

Vente de deux EPR à la Chine : Areva et EDF corrupteurs ?

- Kang Rixin, le chef du nucléaire chinois, aurait été corrompu pour acheter deux EPR
- Les PDG d'Areva et d'EDF ont signé des accords avec Kang Rixin concernant ces EPR
- Seule l'hypothèse de la corruption peut expliquer que les Chinois aient acheté des EPR

Les accusations de corruption portées par les autorités chinoises à l'encontre de Kang Rixin, chef du programme nucléaire chinois et président de la société China National Nuclear Corporation (CNNC), apportent enfin une explication à un des plus grands mystères industriels de ces dernières années.

Il était jusqu'alors incompréhensible que les Chinois persistent dans l'idée saugrenue d'acheter à la France deux réacteurs nucléaires de type EPR. En effet, les deux chantiers EPR en cours actuellement se révèlent être des désastres industriels et financiers (1), tant pour Areva en Finlande que pour EDF à Flamanville (Manche).

Ces derniers mois, la quasi-totalité des entreprises qui avaient envisagé d'acheter des réacteurs nucléaires ont écarté l'EPR ou annulé des projets de construction d'EPR comme c'est le cas d'Eskom (Afrique du Sud) (2) et d'AmerenUE (Missouri, USA). (3)

Pour contourner le problème, EDF a racheté British energy à grand frais pour commander elle-même des EPR et les construire en Grande-Bretagne. Mais, le 1er juillet, l'Autorité de sûreté nucléaire britannique a mis à jour une grave faille de sûreté (4) dans le système de contrôle de l'EPR, réduisant à néant les espoirs d'Areva et EDF, cette dernière ayant donc déboursé 15 milliards pour rien.

Seuls les pays dont les dirigeants ne connaissent rien au nucléaire - comme M Sarkozy (France) et M Berlusconi (Italie) - envisagent encore la construction de réacteurs EPR, ils devraient assez rapidement être rattrapés par la réalité et prendre enfin des décisions sérieuses (c'est-à-dire économiser l'énergie et développer les énergies renouvelables).

Ceci dit, si Kang Rixin est corrompu, c'est bien qu'il a fait affaire avec des corrupteurs. Areva et EDF étant les bénéficiaires de la transaction, il est légitime de se demander si les PDG de ces deux entreprises n'ont pas "oublié" quelques millions de dollars dans la voiture de Kang Rixin après avoir signé des accords avec lui (cf http://fce.ccifc.org/2007-11/doc/contrats.pdf) pour la construction (Areva) et l'exploitation (EDF) des deux EPR en question.

(1) http://www.romandie.com/infos/news2/090128145612.11l8clh1.asp

(2)http://www.enviro2b.com/2008/12/08/nucleaire-lafrique-du-sud-annule-son-projet-epr

(3) http://www.romandie.com/infos/news2/090423195314.nwvkt3ei.asp

(4) http://business.timesonline.co.uk/tol/business/industry_sectors/natural_resources/article6613960.ece

Bientôt sur nos écrans

10 août 2009

House chante.

28 juil. 2009

Merci NESTLE !

Le coup d'état au Honduras : un autre épisode des guerres impériales en Amérique latine

par Jules Dufour, Ph.D., est président de l'Association canadienne pour les Nations Unies (ACNU) /Section Saguenay-Lac-Saint-Jean, professeur émérite à l'Université du Québec à Chicoutimi, membre du cercle universel des Ambassadeurs de la Paix, membre chevalier de l'Ordre national du Québec.

«Le coup d’État désigne un renversement du pouvoir par une personne investie d'une autorité, de façon illégale et souvent brutale. On le distingue d'une révolution en ce que celle-ci est populaire. Le putsch, souvent traité comme synonyme du coup d'État, désigne plus précisément une tentative de prise de pouvoir par la force» .

Selon les termes de ces définitions, l’enlèvement ou éviction forcée du président du Honduras perpétré le 28 juin dernier est sans aucun doute un coup d’État et il s’avère une fois de plus la manifestation de l’intervention des forces impérialistes qui ne peuvent tolérer qu’un gouvernement national soit au service d’un peuple. Il n’est pas différent des nombreux coups d’État qui ont marqué la vie politique latino-américaine au cours du XXième siècle en renversant des gouvernements progressistes et en entraînant une série de conflits armés de plus ou moins longue durée. Il importe de porter à notre mémoire l’ampleur qui a caractérisé quelques-uns d’entre eux pour en saisir la portée et les conséquences qu’ils ont exercées sur le devenir de la gouvernance des pays affectés.

Ce coup d’État ne doit pas nous faire oublier les autres conflits armés qui perdurent en Amérique latine et ceux que l’on est en train de fomenter afin de conserver le contrôle de l’accès aux ressources stratégiques et aux marchés de cette région du monde (figure 1).





I. Les coups d’État

Selon Modesto Emilio Guerrero reprenant les propos de Cursio Malaparte, l’auteur de la Tecnica del Golpe de Estado, le coup d’État «n’est pas autre chose qu’une ressource de pouvoir quand on craint de perdre le pouvoir». Le coup d’État, selon cet auteur, est le moyen utilisé par les classes dominantes quand elles ne peuvent plus compter sur le concours que leur fournit la domination constitutionnelle et démocratique .

Au Honduras, le président Zelaya, en ayant amené son pays à adhérer à la Alianza Bolivariana de las Américas (ALBA), était devenu, aux yeux de l’oligarchie possédante de ce pays, une menace à leurs intérêts et partant aux intérêts des États-Unis et un élément déterminant, en Amérique isthmique, dans le processus de libération des peuples de cette zone stratégique dans laquelle on envisage depuis 2001 l’application du Plan Puebla-Panamá (figure 2). Ce plan ou projet dit de «développement durable et intégral» a pour objectif l’intégration complète de l’économie centro-américaine à la grande plateforme de l’ALENA par le biais de son annexion à l’économie de neuf états du Mexique méridional .

Ce plan se solderait par une dépendance et un asservissement plus forts de toute la région aux visées impérialistes de Washington et de ses alliés les plus fidèles tels que ceux de la junte qui a évincé le président Zelaya. Ce projet s’inscrit dans la foulée des efforts deployés en vue de créer la Zone de Libre Échange des Amériques (Z.L.É.A.) si chère à l’ex-Administration de G.W. Bush. Après la ALÉ (Canada-États-Unis) en 1989 et l’ALENA (Mexique, Canada et États-Unis) en 1994 le plan Puebla-Panamá constitue une pièce non négligeable de cette entreprise d”intégration économique panaméricaine (http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=6553 ).





Au 20ième siècle, l’Amérique latine a connu plus de 327 coups d’État qui, dans plusieurs cas, ont mis en place des dictatures militaires répressives et sanglantes. En effet, entre 1902 et 2002 ce processus a affecté la vie politique et sociale dans plus de 25 pays en causant la mort de centaines de milliers de personnes (Leitenberg, M., 2006). Les pays qui ont connu le plus grand nombre de coups d’État sont la Bolivie avec 56, le Guatemala avec 36 à partir de 1944, le Pérou avec 31, le Panamá avec 24, l’Équateur avec 23, Cuba avec 17, Haiti avec 16, la République dominicaine avec 16, le Brésil avec 10, le Chili avec 9 et l’Argentine avec 8.

Le renversement du gouvernement de Salvador Allende au Chili en septembre 1973 et la répression qui a suivi est l’un des plus tragiques qu’ont connu les peuples latinoaméricains. Lors du coup lui-même 5 000 personnes furent tuées et le régime de Pinochet exécuta ou fit disparaître plus de 20 000 personnes en 1974 (Leitenberg, M., 2006).

II. Les conflits armés

Selon les données compilées par M. Leitenberg, au XXième siècle, l’Amérique latine a connu une vingtaine de conflits armés majeurs dans quatorze pays (le Mexique et Haiti non compris) qui ont provoqué la mort de près de 1 million de personnes (Leitenberg, M., 2006).

En Colombie, le régime en place, apparenté à une dictature militaire, poursuit depuis 1964 une guerre sans merci contre le peuple, une guerre qualifiée de génocide qui aurait causé la mort de plus de 200 000 personnes dont 40 000 depuis 1990. On dénombre aussi, depuis 1979, l’assassinat de 475 000 personnes par les forces armées nationales, les différentes factions paramilitaires et les forces armées de la guérilla. Cette guerre «totale» a entraîné le déplacement de plus de trois millions de personnes à l’intérieur du pays, ce chiffre est sous-estimé étant donné la crainte qu’ont les déplacés d’inscrire leurs noms dans les registres officiels.

Les aveux faits récemment par les paramilitaires démobilisés devant le parquet colombien, l’unité «Justice et paix» sont tout simplement horrifiants: « À ce jour, les combattants démobilisés ont avoué 27 382 crimes, dont 22 130 homicides, 1 867 disparitions forcées, 719 enlèvements...» Selon le procureur Luis Gonzalez, les chiffres cités seraient «la pointe de l'iceberg», car le parquet a recensé jusqu’à maintenant 250 000 crimes (massacres, assassinats, viols, enlèvements, tortures) susceptibles d'être attribués aux milices d'extrême droite .

Entre 1966 et 1995, la guerre de guérilla qui a sévi au Guatemala a entraîné la mort de 227 500 personnes. Entre 1966 et 1989 les affrontements entre le gouvernement et l'Unité Révolutionnaire Nationale Guatémaltèque (URNG) ont causé la mort de 200 000 civils et de 17 500 militaires et les massacres perpétrés contre les peuples autochtones ont exterminé, entre 1990 et 1995, plus de 10 000 personnes (Leitenberg, M., 2006).

Jusqu’à maintenant, le coup d’État au Honduras n’a pas encore dégénéré en conflit armé ou guerre civile, mais l’appel à l’insurrection populaire fait par le président Zelaya pourrait provoquer un durcissement des positions de la junte au pouvoir de facto et le déclenchement d’une vague de répression dont les conséquences sont difficiles à prédire même si les nombreux appuis dont jouit le président déchu permettent de penser que l’ordre constitutionnel devrait être rétabli avec sa réintégration dans ses fonctions.

III. L’ALBA et la poursuite de la révolution bolivarienne

Ce coup d’État doit être aussi analysé dans le contexte de la poursuite de la révolution bolivarienne ou du processus de libération des peuples latinoaméricains de l’emprise de l’impérialisme étatsunien. Ce processus qui a été initié au début du siècle s’est développé peu à peu avec l’adhésion de plusieurs pays à la Alianza Bolivariana para las Américas (ALBA) une alliance politico-commerciale créée le 14 décembre 2004 par le Venezuela et Cuba et à laquelle s’est ajoutée la Bolivie en 2006 (Lescot, P., 2006). Selon Thelma Mejia, «l'ALBA a été lancée lors du Sommet des Peuples qui s'est tenu parallèlement à la réunion officielle des chefs d'État lors du quatrième Sommet des Amériques à Mar del Plata en Argentine en 2005. Elle se présente comme une alternative au modèle néo-libéral de libre marché et se veut l'expression de la coopération, de la solidarité et de la complémentarité engagées dans la lutte contre la pauvreté, l'inégalité entre les personnes et l'inégalité des termes de l'échange, d'après le texte fondateur» (Mejia, T., 2008). Par la suite, d’autres pays ont joint l’ALBA tels que le Nicaragua, le Honduras, la République dominicaine, Antigua-et-Barbuda, l’Équateur et Saint-Vincent-et-les Grenadines avec une population totale dépassant les 77 millions d’habitants en 2009 (figure 3).























Le Honduras membre de l’ALBA. Une situation intolérable pour les oligarchies possédantes




Lors de la cérémonie d’adhésion le président Chavez a souligné «le courage du président Zelaya car « en dépit de la diabolisation de l'ALBA, il n'a pas hésité à se joindre à ce projet d'intégration de l'Amérique latine basé sur la réflexion et l'esprit de nos héros avant tout. Aujourd'hui, nous ne signons pas seulement un pacte de solidarité entre frères, mais aussi un projet d'intégration pour l'Amérique latine qui se démarque comme une alternative à l'hégémonie impériale et vise à intégrer progressivement les gouvernements qui proposent une solution pour sortir de l'oppression impérialiste», a déclaré Chávez». Et le président Zelaya d’ajouter: « L'adhésion du Honduras à l'ALBA est «un acte de liberté, parce que nous sommes libres et nous sommes un peuple souverain», a déclaré M. Zelaya. «Il s'agit d'un acte héroïque d'indépendance et nous n'avons pas besoin de permission pour signer un tel engagement. Aujourd'hui, nous faisons un pas de plus vers un gouvernement de centre-gauche, et si quelqu'un n'aime pas cela, qu'il supprime tout simplement le mot 'centre' pour s'en tenir au second terme».

Le président Zelaya a ensuite ajouté: «Parmi les avantages de l'adhésion à l'ALBA, il existe des projets visant à améliorer la santé, la nutrition, l'éducation et la culture donc « merci, Monsieur le président Chávez, pour nous ouvrir ces chemins vers la liberté pour les Latino-Américains, parce que nous ne sommes pas nés ni pour être des esclaves, ni pour avoir des maîtres», a déclaré le président Zelaya. « Quand je me suis entretenu avec [le président américain] George W. Bush, nul ne m'a appelé un anti-impérialiste et le monde des affaires m'a même applaudi. Maintenant que je suis en réunion avec les peuples pauvres du monde, ils me critiquent. J'espère qu'ils rétracteront leurs déclarations durant les prochaines heures. Qui a dit qu'ils avaient un droit absolu à la privatisation? Je les invite à participer au dialogue et à signer un véritable pacte national avec une vision pour le pays », a déclaré M. Zelaya .

Selon l’analyse proposée par Ana Maria Duarte, «quand il entame son mandat, en janvier 2006, le Parti libéral Hondurien (PLH), majoritaire au Parlement, vote la loi de participation citoyenne. Zelaya s’en empare pour lancer la consultation avortée par le coup d’Etat. Il élimine d’emblée les frais de scolarité, crée un fonds de soutien aux PME et un programme pour améliorer la production alimentaire en zone rurale. Il reçoit un soutien populaire mais, les grèves se succédant, il augmente le salaire minimum de 60 %. Plusieurs crises majeures s’imposent : crise énergétique, avec la faillite de l’entreprise nationale d’électricité (Enee), crise de la dette et du système de santé. Malgré les demandes incessantes du Fonds monétaire international (FMI), qui souhaite plus de privatisations et de rigueur budgétaire, il obtient une condamnation partielle de la dette. Pour tenter de résoudre la crise énergétique, il se rapproche d'Hugo Chavez, avec l'approbation de Bush et de l’oligarchie. Le Parti nationaliste Hondurien (PNH) soulève toutefois le risque de contagion politique. Zelaya devient alors la cible d’une violente campagne de la presse conservatrice. L’adhésion à l'Alternative bolivarienne (Alba), en 2008, est ratifiée par le congrès, mais le PNH s’abstient».

Le virage à gauche du président Zelaya, aux yeux des oligarchies possédantes, pouvait toujours être géré dans le sens de leurs intérêts, mais cette adhésion à l’ALBA pouvait à moyen terme les menacer au plus haut point et il était devenu impératif, lorsqu’il a manifesté l’intention d’assumer un autre mandat, de l’écarter du pouvoir. Ces éléments sont au coeur de la crise actuelle et il est probable que l’on assistera à un scénario semblable quand d’autres pays s’engageront dans la même voie, car la révolution bolivarienne est irrésistible et prendra un essor considérable avec la crise financière globale, puisqu’elle est une alternative viable pour assurer l’avenir des peuples d’Amérique latine. Ce coup d’État ne peut que les convaincre davantage qu’il en va de leurs intérêts de se joindre à l’ALBA et de réunir ainsi les forces vives des peuples qui ont été opprimés pendant des siècles sous la férule des colonialistes anciens et modernes.

Conclusion

Le coup d’État du Honduras est une épreuve sans conteste pour les membres de l’ALBA. Ceux-ci doivent agir avec circonspection afin de profiter de ce moment privilégié pour renforcer leur union et entamer un rapprochement avec plusieurs autres pays de l’hémisphère et les convaincre de se joindre à l’Alliance. Ils doivent continuer de supporter le projet de rétablissement de l’ordre constitutionnel au Honduras et travailler de concert avec les institutions internationales et régionales afin de conserver leur appui. Ils se doivent aussi de promouvoir la résistance passive en encourageant un isolement progressif de la junte au pouvoir de facto afin de l’amener à comprendre qu’il est dans l’intérêt de la nation et de la paix en Amérique centrale de restituer au président élu les pouvoirs qui lui sont dévolus. C’est un appel qui doit être répété sur toutes les tribunes à l’échelle mondiale.

________________________________________________________________________________________Alianza

-Bolivariana para las Américas: http://es.wikipedia.org/wiki/Alianza_Bolivariana_para_las_Am%C3%A9ricas


-DELCAS, Marie. 2009. Le choc des aveux des paramilitaires colombiens. LeMonde.fr. Le 17 juillet 2009.
En ligne: http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2009/07/17/le-choc-des-aveux-des-paramilitaires-colombiens_1219899_3222.html


-DUARTE, Ana Maria. 2009, Honduras : Coup d’État préventif contre Zelaya. Un Nouveau Parti anticapitaliste maintenant (NPA). Le 14 juillet 2009. En ligne: http://www.npa2009.org/content/honduras-coup-d%E2%80%99etat-pr%C3%A9ventif-contre-zelaya



-DUFOUR, Jules. 2007. Partenariat pour la sécurité et la prospérité ou Conquête des Amériques par Washington ? Montréal, Centre de recherche sur la mondialisation (CRM). Le 21 janvier 2008. En ligne: http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=6553-

-DUFOUR, Jules. 2008. La libération des otages colombiens, Hugo Chavez et l'Amérique latine. Montréal, Centre de recherche sur la mondialisation (CRM). Le 21 janvier 2008. En ligne: http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=7860

-DUFOUR, Jules. 2008. Le retour de la Quatrième Flotte et l’avenir de l’Amérique latine. Montréal, Centre de recherche sur la mondialisation (CRM). Le 4 juillet 2008. En ligne: http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=9503

-DUFOUR, Jules. 2009. Colombie et Gaza. Génocides et impunités. Montréal, Centre de recherche sur la mondialisation (CRM). Le 29 janvier 2009. En ligne :
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-EFE. 2006. Cumbre en La Habana. Chavez, Castro y Evo Morales afianzan su alianza como «defensores de Latinoamérica». Elmundo.es. En ligne: http://www.elmundo.es/elmundo/2006/04/30/internacional/1146379272.html


-File:ALBA-Mitgliedsstaaten2.png: http://commons.wikimedia.org/wiki/File:ALBA-Mitgliedsstaaten2.png


-Golpe de Estado: http://es.wikipedia.org/wiki/Golpe_de_Estado

-GUERRERO, Modesto Emilio. 2006. Memoria del golpe de Estado en América latina durante el siglo XX. Voltairenet.org. Le 30 mars 2006. En ligne: http://www.voltairenet.org/article137304.html


-LESCOT, Patrick. 2006. Une «sainte trinité» entre Cuba, le Venezuela et la Bolivie. L’Alliance vise à dénoncer l’«impérialisme» américain. AFP. Journal le Devoir, le 1er mai 2006, p. B3.

-LEITENBERG, M. 2006. Deaths in Wars and Conflicts in the 20th Century. Cornell University, Peace Studies Program. Occasional Paper #29. 3nd ed. August 2006. 83 pages.

-MALAPARTE, Curzio. 1986. Tecnica Do Golpe De Estado. En ligne: http://www.livres-chapitre.com/-N0SD1S/-MALAPARTE-CURZIO/-TECNICA-DO-GOLPE-DE-ESTADO.html#


-MEJIA, Thelma. 2006. Économie Honduras. L'adhésion à l'ALBA, l'affrontement idéologique et le scandale des pétrosubsides. Le 24 août 2008. Inter Press Service (IPS). En ligne: http://ipsnouvelles.be/news.php?idnews=9888

-MORIN, Claude. 2009. Le coup d'État au Honduras. Les raisons d'un échec. Montréal, Centre de recherche sur la mondialisation (CRM). Le 13 juillet 2009. En ligne :
http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=14349

-Plan Puebla-Panamá: http://fr.wikipedia.org/wiki/Plan_Puebla-Panam%C3%A1

-PROJECT PLOUGHSHARES. 2008. Armed Conflicts Report.
Colombia (1964 - first combat deaths). Update: January 2008 En ligne: http://www.ploughshares.ca/libraries/ACRText/ACR-Colombia.html


-PROJECT PLOUGHSHARES. 2008. Armed Conflicts Report. Haiti (2004 - first combat deaths). Update: January 2008.
En ligne: http://www.ploughshares.ca/libraries/ACRText/ACR-Haiti.htm

-ROSS, John. 2009. Le Chiapas, un État assiégé par les transnationales. Montréal, Centre de recherche sur la mondialisation (CRM). Le 4 mai 2009. Nacla. En ligne: http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=13485

-Unité révolutionnaire nationale guatémaltèque: http://fr.wikipedia.org/wiki/Unit%C3%A9_r%C3%A9volutionnaire_nationale_guat%C3%A9malt%C3%A8que


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25 juil. 2009

De l’eau "B’EAU PAL" pour réveiller Dow Chemical


Le Dursban est un pesticide fabriqué par Dow Agrosciences, la filiale indienne du géant de la chimie Dow Chemical. Hautement toxique, en particulier chez les enfants, il peut endommager le système nerveux, altérer la croissance… Sa vente a été interdite aux Etats-Unis mais Dow vend pour 500 millions de $ de Dursban par an à travers le monde, et affirme que ce produit est « sans danger »...

Dow Chemical, c’est précisément le groupe qui a racheté Union Carbide, responsable en 1984 de la plus grave catastrophe industrielle de toute l’histoire, celle de Bhopal, en Inde : depuis 25 ans, 23.000 morts et 500.000 victimes. Cette semaine, une délégation indienne est venue à Londres pour rappeler à Dow son horrible héritage : une bouteille d’eau contaminée, qui répond au doux nom de “B’EAU PAL”.

Ce sont les contre-propagandistes The Yes Men qui ont monté cette opération “souvenir”. En concevant une vrai-fausse bouteille d’eau minérale, avec logo rouge et blanc rappelant celui de Dow (la B’eau Pal Water a même un vrai-faux site web). Le document “nutrition” détaille les concentrations des trois principaux polluants qui persistent dans les nappes phréatiques de la cité indienne :
- dichlorure de méthane (400% au dessus des normes létales quotidiennes) ;
- chroloforme (250% au delà des normes) ;
- et surtout le tetrachlorure de carbone, dont la présence dans une seule bouteille de B’Eau Pal représente 200.000% la dose quotidienne mortelle !


C’est sans doute pour ça que, le 13 juillet, lorsque la délégation indienne est venue manifester devant le siège de Dow, les locaux de l’entreprise avaient été bouclées le matin même par la direction…

D’après le compte-rendu des Yes Men, si Dow Chemical a toujours refusé de prendre en charge les conséquences de la catastrophe depuis son rachat d’Union Carbide, en revanche ils ne manquent pas une occasion de “verdir” leur image de marque.

Le PDG Andrew Liveris a dernièrement déclaré que « le manque d’eau potable et la plus grande cause de maladie dans le monde et plus de 45.000 enfants en meurent chaque jour » (sic). N’hésitant pas à ajouter que « Dow s’est engagé à créer une des approvisionnements d’eau plus sûre et durable sur toute la planète ».

Les Yes Men et les militants indiiens — dont Sathyu Sarangi, le responsable de la Sambhavna Clinic de Bhopal qui se bat encore aujourd’hui avec les conséquences sanitaires de la catastrophe — ont alors fait leurs petits calculs. Le salaire annuel de Liveris dépasse les 16 millions de dollars. Avec cette somme, « il pourrait offrir à chaque enfant qui doit mourir de l’eau insalubre 10$ par jour pour acheter des bouteilles d’Evian ou de Perrier. Ou alors, pour une somme bien moins importante, il pourrait leur construire des canalisations propres et sûres, exactement comme celles dont manque cruellement la population de Bhopal. »

Dans la nuit du 2 au 3 décembre, 40 tonnes d’isocyanate de méthyle, un gaz hyper toxique servant dans le fabrication de pesticides, s’échappent de l’usine UC située en pleine ville, et le jour même on compte déjà des centaines de morts. Près de 25 ans après, le bilan est effroyable : plus de 23.000 morts directes ou indirectes, et environ 500.000 victimes, malades ou handicapés à vie.



Le photographe français Micha Patault a travaillé sur place avec les association de Bhopal depuis 2005, et il vient de publier un ouvrage en hommage aux victimes, disponible sur le site fédérateur Bhopal.org. Il rappelle les fais suivants :

Aujourd’hui, 170 000 personnes manquent de soins médicaux adaptés et ont besoin d’un soutien économique. Une coalition de trois ONGs se bat depuis 23 ans réclamant justice et réparation. L’usine américaine de pesticide Union Carbide et ses environs n’ont subi aucune décontamination. Les produits des plus toxiques ont infiltré les sols et les nappes phréatiques, polluant l’eau que consomment 5 000 familles vivant aux alentours, soumises aux aléas de l’approvisionnement en eau potable. Les effets de la catastrophe ouvrent alors un nouveau chapitre : L’eau produit des effets irréversibles sur la nouvelle génération.


En 2009, la situation est d’autant plus critique que la région du Madhya Pradesh, celle de Bhopal, est en train de subir une grave sécheresse, comme l’a rapporté The Guardian — juste trois ans après avoir été victime des pires inondations jamais vécues dans la région. « Même si des personnes continuent de mourir par centaines de milliers, alors que le changement climatique va en tuer encore plus, les compagnies comme Dow ne sont pas obligées de baisser leurs émissions », regrette le chef de la clinique Sambhavna, Sathyu Sarangi. « Bhopal devrait être une leçon pour le monde entier — que l’on devrait méditer avant qu’il ne soit trop tard pour toute le monde. »

- Le prochain film des Yes Men sort le 11 août.

- Sur Numerolambda : voir un documentaire d’Al Jazeera qui retrace la catastrophe, et revoir une imposture des Yes Men qui se sont fait invité sur le plateau de la BBC en sa faisant passer pour un porte-parole de Dow, en 2004, 20 ans après.



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24 juil. 2009

Alain REFALO vous parle :

Alain Refalo, professeur des écoles à l'école Jules Ferry de Colomiers, qui a comparu en commission disciplinaire le jeudi 9 juillet à l'inspection académique à Toulouse vient de se voir signifier une sanction disciplinaire de catégorie 2 : abaissement d'un échelon, soit la sanction qui a le plus de conséquences financières sur son traitement. S'ajoutant à la promotion qui lui a été refusée au mois de février, et indépendamment des 19 jours de salaire qui lui ont déjà été soustraits, cette sanction représente pour les quatre ans qui viennent une perte d'au moins 7 000 euros, alors qu' Alain Refalo a effectué l'intégralité de son service devant les élèves et que les rapports pédagogiques de ses inspecteurs sont élogieux. Les faits reprochés à Alain Refalo sont les suivants : refus d'obéissance, manquement au devoir de réserve, incitation à la désobéissance collective, attaque publique contre un fonctionnaire de l'Education Nationale. Il s'agit donc bien d'une sanction politique pour briser professionnellement l'initiateur du mouvement de résistance pédagogique et bâillonner la liberté d'expression des enseignants.




Déclaration d’Alain Refalo

« Ne nous résignons pas. Osons dessiner, dès aujourd’hui, un à-venir pour l’école aux couleurs de la générosité et de l’espérance. »

En prenant l’initiative de désobéir aux dispositifs pédagogiques imposés par Xavier Darcos et en décidant de le faire savoir dans ma lettre « En conscience, je refuse d’obéir » adressée à mon inspecteur le 6 novembre 2008, je savais que je m’exposais au risque de la sanction. Afficher ma dés obéissance était la seule attitude cohérente : elle me permettait d’affirmer une résistance qui se voulait constructive et ouverte au dialogue tout en demeurant loyal et honnête vis-à-vis de ma hiérarchie. J’ai voulu prendre à témoin l’institution que nous n’avions pas d’autres choix pour éprouver la fermeté de nos convictions que de risquer de désobéir ouvertement afin d’être entendus. Car peu importe à vrai dire pour l’institution que nous appliquions ou pas les « réformes », comme certains inspecteurs ont osé nous le dire, l’important pour elle est de montrer à l’opinion publique que ces « réformes » s’appliquent sans vague. Le défi que nous avons lancé est à la hauteur de celui qui a été imposé par le pouvoir, c’est-à-dire la mise en place d’un processus de démantèlement du service public d’éducation.

Cette action de désobéissance pédagogique qui s’est essentiellement cristallisée sur le dispositif de l’aide personnalisée a permis à des milliers d’enseignants du primaire d’en montrer toute la perversité et l’inefficacité tout en ayant une attitude responsable vis-à-vis des élèves en difficulté. Nous avons mis en lumière que ce dispositif en trompe-l’œil n’était pas destiné en réalité à aider les élèves qui en avaient le plus besoin, mais qu’il permettait au ministère de justifier la disparition de milliers de postes d’enseignants spécialisés du RASED, de supprimer deux heures de classe pour la majorité des élèves, de favoriser la semaine dite de 4 jours que tous les spécialistes considèrent comme néfaste pour le bien-être de l’enfant et de renoncer à déployer une formation pédagogique à la mesure des difficultés que tous les enseignants rencontrent aujourd’hui. Sur ce temps-là, nous avons mis en place des projets pédagogiques pour tous les élèves, sans discrimination, leur permettant ainsi de s’investir activement dans la classe et de remédier à leurs difficultés récurrentes. Refusant la stigmatisation des « mauvais élèves », nous avons choisi de les aider autrement et certainement de façon plus efficace.

Durant ces deux heures facultatives, avec l’accord explicite des parents qui m’ont soutenu depuis le départ dans ma démarche, j’ai organisé un atelier théâtre auquel ont participé tous les élèves. Parallèlement à cet atelier théâtre qui a permis aux élèves en difficulté de retrouver de la confiance en eux-mêmes, de reprendre goût à l’école, de s’investir davantage dans les apprentissages et d’acquérir des compétences liées notamment à la concentration, l’écoute, l’expression orale et la coopération, j’ai organisé sur le temps scolaire obligatoire des ateliers d’aide et de soutien spécifiquement pour les élèves en difficulté en utilisant toutes les potentialités et les ressources du groupe classe. Cela n’a pas été pris en compte ; l’institution s’est focalisée jusqu’à l’absurde sur la vérification de la mise en œuvre d’un dispositif particulier, sans prendre en compte la globalité de mon travail d’enseignant dans la classe.

Précisément parce que je n’ai pas appliqué les modalités du dispositif alors que j’en respectais largement la finalité, j’ai été sanctionné, depuis le mois de janvier, d’un retrait de salaire deux jours par semaine au motif fallacieux de « service non fait ». De surcroît, la promotion au grand choix à laquelle j’avais droit m’a été refusée au mois de février sous le prétexte étonnant que celle-ci aurait été considérée comme un encouragement à la désobéissance. Aujourd’hui, l’inspecteur d’académie de la Haute-Garonne en accord avec le ministre a décidé d’appliquer le principe, original, de la triple peine en me sanctionnant à nouveau sur le plan professionnel et financier. L’abaissement d’un échelon, cumulé au refus de promotion, conduit à une amputation de salaire de 7 000 euros sur quatre ans. Qui peut croire que la désobéissance limitée au dispositif de l’aide personnalisée justifie à elle seule cette sanction qui confine à l’acharnement ? Les motifs invoqués de manquement au devoir de réserve et d’incitation à la désobéissance collective, une première dans l’Education Nationale et dont on cherche en vain sur quels textes réglementaires ils s’appuient, témoignent d’une volonté de bâillonner les enseignants. Cette dérive dangereuse ne doit pas manquer d’interroger to us les démocrates sincèrement attachés aux libertés publiques.

La commission disciplinaire du 9 juillet a été organisée en dehors de toute règle élémentaire de droit. En ce sens, elle constitue une parodie de justice. Non seulement les membres de cette commission étaient juges et partie, mais les votes étaient acquis d’avance dès lors que les représentants de l’administration sont obligés à un vote de fonction et non un vote de conscience. Les défenseurs, les témoins, l’accusé ont été poliment et longuement écoutés, mais nullement entendus. Les représentants de l’administration sont restés muets. Seul l’inspecteur d’académie s’est exprimé, empêchant ainsi un débat contradictoire, approfondi, diversifié et soucieux de la recherche de la vérité. Cette commission fut à l’image du grand mépris que le ministère a affiché durant toute cette année à notre encontre, mépris doublé d’une volonté de minimiser ce mouvement tout en le caricaturant. La contradiction entre ses propos clamés dans les médias et le procès politique en sorcellerie décidé à l’encontre de l’un des porte-parole de ce mouvement n’a échappé à personne. En vérité, ce mouvement dérange, inquiète car il vise à neutraliser les prétendues « réformes » dont se targuent nos gouvernants auprès de l’opinion publique.

La vraie question est la suivante : Qui porte tort au service public d’éducation ? Les enseignants du primaire en résistance qui osent prendre la parole et dénoncer les graves dérives d’une politique qui n’a comme seul horizon que les restrictions budgétaires, le désengagement de l’Etat et à terme la privation de l’Education Nationale ? Ou bien nos gouvernants qui ne tolèrent plus l’idée même d’une contestation provenant des petits fonctionnaires que nous sommes. Ce qui est en définitive insupportable, au-delà du respect du devoir de réserve auquel nous ne sommes pas directement astreints, mais qui est opportunément brandi à la face des professeurs des écoles aujourd’hui, c’est que des instits de base, eux qui n’ont pas le « prestige » des enseignants du secondaire ou des universitaires, aient eu l’outrecuidance de se révolter, de le faire savoir et de lancer un défi à l’autorité qui se croyait à l’abri d’une insoumission contagieuse.

Cette décision politique à l’encontre de l’initiateur du mouvement de résistance pédagogique vise assurément l’ensemble des enseignants du primaire en résistance. Le nouveau ministre espère ainsi écraser toute velléité de contestation à la rentrée. Il se trompe gravement. Il avait l’opportunité, lui qui s’est présenté comme un homme de dialogue et d’ouverture, de dénouer les fils de ce conflit qu’il a découvert en arrivant rue de Grenelle. Il vient de les resserrer. Et nous avions prévenu : « Plus ils nous sanctionneront, plus nous désobéirons ». Aujourd’hui, comme hier, le pouvoir ne nous laisse d’autre alternative que d’amplifier la résistance aux « réformes » qui déconstruisent le service public d’éducation et particulièrement aux dispositifs pédagogiques qui trahissent les valeurs profondes de l'école publique. En refusant le dialogue que nous n’avons cessé d’appeler de nos vœux, le pouvoir s’enferme dans une attitude répressive qui ne peut que susciter des tensions regrettables pour l’avenir.

Jusqu’à ce jour, les sanctions, aussi disproportionnées soit-elles, ne nous ont pas fait reculer. Elles ont au contraire suscité un élan de sympathie dans l’opinion publique que le pouvoir aurait tort de mésestimer. De nombreux enseignants du primaire qui n’ont jamais accepté ces réformes destructrices sans pour autant les contester trop ouvertement se sont montrés solidaires, y compris financièrement, et nous ont encouragés à ne pas céder. Nous avons également le soutien massif des parents de nos élèves et cela est décisif. C’est pourquoi, à titre personnel, je ne regrette rien et surtout je ne me sens « coupable » de rien. Mettre ses actes en cohérence avec ses pensées est certainement ce qu’il est donné de vivre de meilleur, surtout dans notre noble métier. C’est une action juste, motivée en conscience, au service de l’intérêt général et non pas de notre « confort » corporatiste. Collectivement, nous pouvons être fiers d’avoir impulsé un mouvement qui porte l’exigence d’une révolte éthique et professionnelle conjuguée à un esprit de responsabilité et d’honnêteté que personne, aucun pouvoir, ne pourra briser.

Et pendant tout ce temps consacré à pourchasser les enseignants en résistance, à vouloir faire appliquer des « réformes » injustes, néfastes et parfois inapplicables, on élude les vrais questions et les vrais problèmes qui se posent aux enseignants du primaire dans leur travail quotidien : la démotivation des élèves à l’égard de la chose scolaire, l’agitation et/ou l’apathie de beaucoup d’entre eux, leur difficulté à se concentrer et à écouter sur des périodes longues, le recul flagrant de la culture de l’écrit, l’hétérogénéité de nos classes avec des écarts de plus en plus importants entre les élèves, l’addiction des enfants aux jeux électroniques et à la télévision, la montée des marques d’irrespect à l’égard des enseignants, l’absence de régulation des conflits entre les élèves qui crée des climats de tension dans nos écoles. Nous avons besoin d’une révolution éducative qui prenne à bras le corps l’ensemble de ces problèmes et bien d’autres. C’est pourquoi, plus que jamais, des Etats Généraux de l’Education sont inévitables dans les prochains mois pour préparer une nouvelle ère qui définira l’éducation comme une grande priorité nationale.

Alors, à l’heure où la répression s’abat sur les enseignants en résistance qui refuse d’assister passivement à la déconstruction de l’école publique,


J’appelle, avec tous les enseignants du primaire en résistance, à une insurrection des consciences de la société civile pour sauver l’école de la République aujourd’hui menacée.



J’appelle les enseignants à se ressaisir en refusant cette attitude de soumission permanente et aveugle qu’une hiérarchie abusant de son autorité veut nous imposer au mépris de toute confiance et de tout respect envers les professeurs des écoles confrontés à des difficultés inégalées au quotidien.



J’appelle les syndicats d'enseignants à jouer pleinement leur rôle en organisant dès la rentrée un mouvement de résistance puissant à ces réformes scélérates qui aggravent une situation d’enseignement délicate et tout particulièrement à ces dispositifs pédagogiques qui trahissent l’esprit de notre mission qui est la réussite de tous les élèves.


J’appelle les parents d’élèves, les citoyens et les élus à se mobiliser pour défendre le service public d’éducation que le pouvoir veut démanteler alors que nous avons plus que jamais besoin d’un système éducatif cohérent, outillé pour affronter les défis de l’échec scolaire et de la violence juvénile.

A tous mes collègues déjà entrés en résistance et à tous ceux qui le seront inévitablement bientôt, je leur dis : ne nous résignons pas, car se résigner c’est déjà abdiquer de sa liberté, de sa raison et de sa dignité. Ayons confiance en nous-mêmes. Vous le savez, le verbe résister est un verbe qui se conjugue au présent... Alors osons dessiner, dès aujourd’hui, un a-venir pour l’école aux couleurs de la générosité et de l’espérance.

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21 juil. 2009

Hadopi 2 : best of des perles dans les amendements







L'obstruction par la pratique : plusieurs perles ont été relevées par des internautes dans les plus de 500 amendements déposés sur le texte Hadopi 2. Beaucoup visent à renommer le texte en... :
- « Projet de loi tendant à instaurer un contrôle de l'internet ».(Amendement 36)
- « Projet de loi visant à contourner la décision n° 2009-580 DC du 10 juin 2009 ».(Am39)
- « Projet de loi visant à instaurer une justice expéditive ».(Am436)
- « Projet de loi visant à réprimer les foyers modestes pour préserver les rentes de situation des détenteurs de patrimoine ».(Am40)
- « Projet de loi visant à instaurer une procédure d'exception favorable aux firmes multinationales de l'industrie culturelle ». (Am41)
- « Projet de loi visant à ne pas traiter de la rémunération des artistes et des ayants-droit ».(Am391)
- « Projet de loi visant à instaurer le « tout-répressif » comme réponse aux nouveaux enjeux de l'économie numérique ».(Am445)
- « Projet de loi visant à exclure toute adaptation du droit d'auteur à l'ère numérique ».(Am400)
- « Projet de loi relatif à l'accumulation des peines en matière de protection littéraire et artistique »(Am364).
- « Projet de loi visant à ignorer la nécessité de créer un nouveau modèle économique de soutien à la création »(419)
- « Projet de loi visant à tout essayer sauf à créer une nouvelle rémunération de la création à l’ère numérique ».
- « Projet de loi visant à amplifier et aggraver les erreurs de la loi n° 2009-669 du 12 juin 2009 favorisant la diffusion et la protection de la création sur internet. » (378)

Ne résistons pas au plaisir de découvrir avec Ecrans.fr celui du député Jean Pierre Brard, qui a déposé cet amendement d’une actualité déconcertante :

« ARTICLE ADDITIONNEL, AVANT L'ARTICLE PREMIER, insérer l'article suivant :
L’article L. 331-16 du code de la propriété intellectuelle dans sa rédaction issue de la loi n° 2009-669 du 12 juin 2009 favorisant la diffusion et la protection de la création sur internet est complété par un alinéa ainsi rédigé : [les agents de l’Hadopi] « travaillent le dimanche. »




Merci à pcimpact

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19 juil. 2009

Fink Tank

De la même façon que les Yanks, période bleue, ont offert au monde, parmi d’autres nombreux (et non moindres) bienfaits (je pense, notamment, à Henry Kissinger, à George Walker Bush et, bien sûr, au F-4 Phantom), les think tanks (du grec ancien think, méditation, et tank, AMX-30), nous devons, nous, Françai(se)s [1], nous enorgueillir, je le crois, d’une invention bien d’cheux nous, (mais) qui elle aussi contribue (très) nettement à l’épanouissement du genre humain : le fink tank (du nom du haut penseur Alain Finkielkraut), qui est à la fois (et pour un prix modique) une infaillible méthode déductive, et une permanente invitation, « furieusement philosophique » (Pierre-André Tagada dixit), à ne jamais rien tenir pour acquis.

Méthode déductive certifiée, le fink tank permet (notamment) à n’importe quel pauvre mec boutonneux (mais) doté d’un minimum de sens de l’observation de s’orienter - fût-ce, on va le voir, dans un environnement peuplé d’indigènes de couleur (et par conséquent hostiles) - sans demander son chemin à un keuf, par le seul moyen d’une courte (mais décisive) série de recoupements de niveau 9 sur l’échelle de Sherlock.

Ainsi, d’après cette méthode (éprouvée), si par exemple tu vois deux Noirs autour de toi, c’est que tu es dans Bamako.

Si tu vois en revanche deux Noires, mais flanquées d’une centaine d’enfants : tu es dans une dissertation d’Hélène Carrère (de la Cadémie) sur la pandémique polygamie des Nègres des faubourgs.

Et si enfin tu vois autour de toi onze Noirs, vêtus de maillots bleus, alors le fink tank et formel : tu es au Stadefrance (et l’Europe entière se fout de ta gueule, parce que bon, quand même, tous ces Blacks, très sincèrement, ça fait un peu négligé).

Avoue que c’est d’une efficacité autrement plus redoutable que celle d’un GPS.

Deuxième avantage du fink tank (pour le même prix, tu noteras) : il est aussi, te disais-je, une (authentique) pensée en permanente évolution (et par conséquent au moins aussi (follement) stimulante que les mots croisés du Nouvel Observateur).

Le 26 juin dernier, par exemple, son représentant le plus fameux, Alain Finkielkraut himself, lâchait dans Le Figaro (de Serge Dassault) cette rude (mais si raffinée) considération : « Le multiculturalisme a ceci de singulier qu’il légitime et célèbre toutes les cultures sauf celle du pays hôte, invitée, afin de faire la place, à se dissoudre ».

Et pas plus tard qu’hier (vois je te prie l’évolution de la pensée), interrogé par une amie, le même Alain Finkielkraut lançait dans Le Point (de François Pinault) cette non moins rude (mais non raffinée) remarque : « On propose à nos sociétés un avenir multiculturel, et le grand paradoxe du multiculturalisme, c’est que toutes les cultures sont les bienvenues à l’exception d’une seule, la culture du pays hôte ».

Aaaaah ben ouais, vas-tu me dire, mais, attends, mon gars, c’que nous avons là, ce n’est pas (du tout) une pensée, premier point, et, deuxième point, ce n’est pas (du tout) non plus évolutif : on a plutôt quelque chose comme une espèce de réactionnaire de compétition qui répète exactement la même chose, à trois semaines d’intervalle, dans un rade de droite, puis dans un autre, de droite itou, et tu peux être sûr que cette histoire de multiculturalisme va lui faire les six prochains mois, remember, il nous a déjà fait le coup avec l’antiracisme-sera-le-communisme-du-vingt-et-unième-siècle.

Et je dois reconnaître, ma foi, que tu n’as pas complètement tort - et que du coup le fink tank est peut-être moins formidablement performant que je ne l’ai d’abord cru.
Mais aussi, quel besoin ont toutes ces méchantes gens venues d’ailleurs (et qui souventes fois se planquent sous des burqas d’airain) de sauter à pieds joints sur notre culture-du-pays-hôte ?

Notes
[1] De souche, essentiellement - what else ?

17 juil. 2009

Alice au pays s'émerveilleou le cinéma au pays des petits producteurs

En dépit du fait que le film ne soit pas totalement terminé, nous avons pris soin de monter un première bande-annonce qui, en cliquant sur l'image ci-dessus, vous donnera une petite idée de l'univers du film..
Pourquoi Alice est-elle encore en retard?

Fidèle a sa réputation, Alice a pris un peu de retard. En effet, pour des raisons économiques et surtout artistiques, la postproduction a finalement nécessité plus de temps que prévu.
Le montage du film a ainsi été totalement repris depuis la première version que nous avions présentée au Short Film Corner au festival de Cannes.
Le mixage son ainsi que l'étalonnage viennent donc tout juste d'être terminés et nous mettons la touche finale aux derniers effets visuels (effet de neige, animation des génériques...) pour l'envoyer le plus rapidement possible à Locarno.


Dernier appel aux plus petits producteurs du monde!

Bien que le 100 000ième visiteur ait franchi tout récemment l'autre côté du miroir et que nous ayons déjà réuni plus de 35 000 euros nous ayant permis de financer toute la partie technique et logistique du tournage, nous sommes toujours à la recherche des quelques 10 000 euros qui nous permettraient de boucler notre budget et de payer ainsi les salaires de nos techniciens.

Les futurs plus petits producteurs du monde peuvent encore avoir leur nom au générique
n'hésitez donc pas à parler de notre projet autour de vous, aux particuliers comme aux entreprises qui verront leurs dépenses de parrainage de notre film déduites au titre de leurs charges d'exploitation.



SlumberLand Factory, YMC Productions et Lugamedia ont la joie de vous annoncer que le film :



Alice fait donc partie des 24 courts-métrages sélectionnés sur plus de 2000 inscrits et est ainsi cette année le seul court-métrage français en compétition.
Le festival de Locarno (Suisse), créé en 1946, est une référence mondiale accueillant chaque année plus de 190 000 spectateurs et notamment reconnu pour son rôle en matière de découverte de nouveaux talents à travers le prix des "Léopards de demain"
Par ailleurs, le film lauréat du Léopard d'or de demain est automatiquement en lice pour la cérémonie des Oscar 2010, le festival de Locarno étant reconnu comme compétitif par l'académie des Oscar.
Toute l'équipe d'Alice tient une nouvelle fois à remercier tous les plus petits producteurs du monde, nos partenaires et nos sponsors sans qui notre aventure n'aurait jamais eu lieu, à bientôt sur notre site, L'équipe du film et espère pouvoir prochainement vous annoncer d'autres bonnes nouvelles,

Toutes les videos sont là

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15 juil. 2009

14 juil. 2009

Tu l'as dit!



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Besson, je te vois!

L'insurrection qui vient...vite


"il n’y a pas de « question de l’immigration ». Qui grandit encore là où il est né ? Qui habite là où il a grandi? Qui travaille là où il habite?

Qui vit là où vivaient ses ancêtres ? Et de qui sont ils, les enfants de cette époque, de la télé ou de leurs parents ? La vérité, c’est que nous avons été arrachés en masse à toute appartenance, que nous ne sommes plus de nulle part, et qu’il résulte de cela, en même temps qu’une inédite disposition au tourisme, une indéniable souffrance. Notre histoire est celle des colonisations, des migrations, des guerres, des exils, de la destruction de tous les enracinements.

C’est l’histoire de tout ce qui a fait de nous des étrangers dans ce monde, des invités dans notre propre famille. Nous avons été expropriés de notre langue par l’enseignement, de nos chansons par la variété, de nos chairs par la pornographie de masse, de notre ville par la police, de nos amis par le salariat. À cela s’ajoute, en France, le travail féroce et séculaire d’individualisation par un pouvoir d’État qui note, compare, discipline et sépare ses sujets dès le plus jeune âge, qui broie par instinct les solidarités qui lui échappent afin que ne reste que la citoyenneté, la pure appartenance, fantasmatique, à la République. Le Français est plus que tout autre le dépossédé, le misérable."

Sa haine de l’étranger se fond avec sa haine de soi comme étranger. Sa jalousie mêlée d’effroi pour les « cités » ne dit que son ressentiment pour tout ce qu’il a perdu. Il ne peut s’empêcher d’envier ces

quartiers dits de «relégation» où persistent encore un peu d’une vie commune, quelques liens entre les êtres, quelques solidarités non étatiques, une économie informelle, une organisation qui ne s’est pas encore détachée de ceux qui s’organisent. Nous en sommes arrivés à ce point de privation où la seule façon de se sentir Français est de pester contre les immigrés, contre ceux qui sont plus visiblement des étrangers comme moi. Les immigrés tiennent dans ce pays une curieuse position de souveraineté : s’ils n’étaient pas là, les Français n’existeraient peut-être plus.

L'insrrection qui vient

13 juil. 2009

Jurisprudence


Au temps qu’elle faisait ministre des keufs, (la délicieuse) Michèle Alliot-Marie (qu’on appelle MAM au sein de son parti, où l’on aime très fort les mignons sobriquets) se montrait certaines fois un peu timide, et comme engoncée dans un trop étroit veston.

Le 16 avril dernier, elle n’avait par exemple pas jugé utile (du tout) de répondre à l’auditrice (une certaine Sabrina) qui sur France Inter l’interrogeait en direct sur le poignardage [1] « en plein Paris », trois ans auparavant, d’un « commissaire de police français » par des membres d’une « organisation juive » extrémiste.

(Il est vrai : Michèle Alliot-Marie avait, ce jour-là, bénéficié, à l’antenne, du rapide secours d’une paire de tristes animateurs, qui avaient jugé qu’une tentative de meurtre d’un commissaire de police n’était sans doute pas du « registre » de mâme la ministre « de l’Outre-mer et de l’Intérieur » (dans cet ordre), quand bien même ladite s’était, le mois d’avant (le 15 mars), « rendue aux Mureaux » sur les lieux du « guet-apens où plusieurs policiers » venaient d’être « légèrement blessés », pour leur apporter un réconfortant soutien - et le message, induit, que ces choses-là étaient bel et bien de sa compétence.)

Promue depuis (et de fraîche date) ministre des juges, Michèle Alliot-Marie se montre, dans ses nouvelles fonctions, moins pusillanime qu’elle n’était à l’Intérieur, et, disons-le, plus attentive à ce qui serait de son « registre » : elle n’a mis que (très) peu d’heures à obtempérer à l’injonction de maître Francis "Gabon" Szpiner, qui venait de lui intimer de faire appel, dans l’affaire de l’assassinat d’Ilan Halimi, de condamnations « inférieures aux réquisitions de l’avocat général » Bilger - lequel, de son côté, parle (plutôt) d’un verdict « exemplaire ».

Evidemment, d’aucun(e)s, mesquin(e)s - je songe, notamment, aux juges bolcheviques avérés de l’Union syndicale des magistrats (USM)-, déplorent déjà cette célérité MAMaire, la jugeant, qui « inquiétante », qui totalement hallucinante.

Je te prie : ne nous emballons pas.

De mon point de vue, la (très) prompte réaction de la ministre des tribunaux, outre qu’elle nous montre [2] l’attachement viscéral de la droite régimaire à l’indépendance de la justice, me semble être comme la promesse, pour demain, d’une meilleure justice, hermétique aux iniquités : sachant, comme nous savons, l’esprit d’équité de cette femme (qui vient, tout de même, de l’UMP, où ces valeurs se portent haut), nous avons tout lieu de nous réjouir de ce qu’elle ne s’interdise pas de s’émouvoir de trop de mansuétude.

Prenons, ainsi, le cas de Joachim Gatti, 34 ans, petit-fils d’Armand, qui se trouvait mercredi à Montreuil (Seine-Saint-Denis), et qui a reçu, en pleine tête, par l’une de ces rudes leçons de vie que dispensent parfois (comme , encore aux Mureaux) de (courageux) peacekeepers, un tir de Flash-ball dont le résultat médical s’énonce comme suit : « Trois fractures au visage, le globe oculaire fendu en deux et la paupière arrachée » [3].

Et, s’il te plaît, imaginons (même si nous savons, n’est-ce pas, que chez nous, qui sommes autrement plus (et mieux) évolués que les mollahs persans, les brutalités policières sont en général (très) lourdement punies) que l’auteur du tir de Flash-ball qui a déchiqueté le visage de Joachim Gatti écope, à terme, d’une condamnation purement symbolique (même si, je répète, nous savons que ces choses-là n’existent pas chez nous), ou de pas-de-sanction-du-tout ?

Je suis quant à moi bien certain, depuis ce matin, que Michèle Alliot-Marie s’indignerait velu d’un si gros déni de justice, et dans l’instant réclamerait un pire châtiment, sur le thème : « J’ai demandé au procureur général près la cour d’appel de Paris de faire appel de cette indigne parodie ».

D’où que son appel du jour me satisfait totalement - et toi aussi, j’espère.

Notes
[1] Ou dit-on le poignardement ?
[2] Non que nous en ayions douté !
[3] Naturellement : « La préfecture considère que l’enquête devra établir s’il existe un lien entre les tirs de Flash-balls et la perte de l’oeil de M. Gatti », ou si le rusé petit salopard s’est (psychotiquement) automutilé, histoire d’emmerder le monde.

Sébastien Fontenelle+

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12 juil. 2009

Démocratie aveugle, oeil pour oeil...



Expulsé d'une maternité est plutôt synonyme d'heureuse nouvelle pour un bébé et sa famille. Malheureusement pas pour les squatters de la clinique Chanzy, à Montreuil, délogés mercredi 8 juillet 2009 à l'aube par 200 flics, dont des membres du Raid.
Cette maternité, vide depuis dix ans, est squattée par une vingtaine de personnes. Au début, écoutant les dires de certains, je pensais qu'il s'agissait de jeunes parisiens venus s'encanailler en banlieue et j'avoue m'être trompé.
Faut dire que cette maternité représente beaucoup pour de nombreux Montreuillois ; j'y suis aussi né en 1962… Qui sont ces squatters ? En réalité il s'agit d'un groupe hétérogène de jeunes gens animés par la même ambition : redonner vie à un lieu inoccupé depuis une décennie.
Ils y organisent des concerts, lectures, rencontres, bouffes, exposition… La femme de notre Président, proche soi-disant des artistes, doit être sans doute sensible à ce genre d'endroits chargés de culture. Bref, pas des êtres dangereux, plutôt de doux rêveurs qui croient encore au pays des droits de l'homme.
Délogés par le Raid, avec une extrême violence
Apparemment pas si doux puisque le Raid est venu accompagner la police pour les déloger avec une extrême violence. En règle général, ce groupe intervient plutôt sur des prises d'otages ou d'autres situations très limites. Comme me disait hier un ami dans un bar montreuillois, ils n'ont pas de terroristes sous la main et s'entraînent où ils peuvent.
Mais en fait, cette intervention aussi musclée -en écho à d'autres- est juste un reflet de notre pays en ce moment. Chaque citoyen est devenu un ennemi public numéro 1, surtout quand il vit en banlieue et n'a pas de cartes de visites à rallonges comme Bernard Tapie, ni de parachutes dorés pour échapper aux membres du Raid. Quoi qu'un ancien directeur de Libération a fait aussi les frais de ce genre de dérive…
Le soir de l'expulsion, lors d'une cantine et une déambulation pacifique devant la clinique, un homme a perdu l'usage d'un œil à cause de tirs tendus de flasball. Quelqu'un de fiché au grand banditisme ? Un terroriste ? Un dealer ? Pas du tout ! Juste un militant associatif.
Les nouveaux délinquants armés de flashballs
Que dire après tout ça ? Paraît que l'insécurité règne de plus en plus dans ce pays. Faut croire qu'il ne s'agit pas uniquement de la délinquance dont on nous rebat les chiffres à longueur de statistiques. Mais de ces nouveaux délinquants qui, à l'abri d'immeubles rehaussés de « Liberté, Egalité, Fraternité », veulent briser la moindre utopie ou chemin de traverse à coup de flasball.
Un jeune homme vient de perdre un œil et c'est la démocratie tout entière qui devient aveugle. Et cette tribune, écrite à chaud, est dédiée à ce militant hospitalisé.
Gardons les yeux ouverts sur le ventre d'où la bête immonde peut surgir à tout moment. L'Histoire n'est certes pas la même qu'aux heures sombres de l'occupation. Mais résister, comme écrivait Lucie Aubrac, est un verbe qui doit toujours se conjuguer au présent. Et en plus pas très loin de cette clinique, sur un monument dédié à la Résistance est inscrit : « Si l'écho de leur voix faiblit, nous périrons. »
Un œil perdu ne se remplace pas, monsieur le Préfet. Et faites attention que certains de ces jeunes, plutôt calmes pour le moment, ne commencent à penser « Œil pour œil »…

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Honduras : la chasse aux résistants a commencé

de Gloria Gonzalez Justo

Alertés par les mouvements sociaux au Honduras, les anciens élèves diplômés de l’ELAM (Ecole latino-américaine de médecine) ont fait parvenir un communiqué aux medias, les informant de la situation dans laquelle se trouve le Dr. Luther Castillo Harris, diplômé de la première promotion de l’école latino-américaine de médecine de Cuba et coordinateur des mouvements sociaux au Honduras.

Celui-ci a transmis ce message : « J’appelle à dénoncer le fait que l’armée a ordre de m’arrêter et de m’abattre si je résiste. »

Luther Castillo Harris est originaire de la Mosquitia, une région dans la jungle, difficilement accessible, au Nord-Est du Honduras. Il appartient à l’ethnie garifona, composée de descendants d’esclaves en fuite d’un bateau naufragé près des côtes de l’île de Saint Vincent.

Titulaire d’une bourse d’étude à Cuba, il étudie gratuitement la médecine à l’Ecole latino-américaine de médecine (ELAM), comme des milliers de jeunes étudiants pauvres, venus des quatre coins du monde.

Ses études terminées, il retourne pratiquer la médecine dans sa communauté d’origine. Là, grâce à la collaboration de Cuba, le gouvernement de Manuel Zelaya construit un hôpital, équipé de matériel de pointe, qui ouvre ses portes le 8 octobre 2007. Luther en devient le directeur. Depuis son ouverture, des milliers de personnes, qui n’avaient jamais vu de médecins auparavant, ont reçu des soins.

Dès le début du coup d’Etat, Luther a rejoint les mouvements sociaux de résistance, dont il est devenu le coordinateur.

C’est Luther, et tous les paysans, les ouvriers, le peuple souverain du Honduras qui prenait enfin son destin en main que les putschistes veulent abattre.

Aujourd’hui, le peuple hondurien n’a pas peur, il le crie dans les rues. Ecoutez cette chanson que les manifestants chantent à la tête des gorilles.

Ils ont peur de nous parce que nous n’avons pas peur d’eux !

Merci de divulguer cette information à tous les médias.

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