13 juin 2009

Des scientifiques de l’EFSA reconnaissent les risques des OGM

Bruxelles, le 11 juin 2009 - Des scientifiques consultés par l’Autorité européenne pour la sécurité des aliments (EFSA), traditionnellement pro-ogm, ont émis pour la première fois des réserves sur l’inocuité de l’Amflora, la pomme de terre génétiquement modifiée conçue par le groupe allemand BASF.

L’EFSA a consulté deux panels d’experts scientifiques, l’un de 21 membres sur les OGM qui n’a rien trouvé à redire, et l’autre également de 21 membres sur les “risques biologiques”, comme la contamination à d’autres plantes. Dans ce dernier panel, pour la première fois l’avis scientifique n’a pas été unanime: deux d’entre eux, Christophe Ngyuen-Thé et Ivar Vagholm, ont estimé qu’il serait “imprudent” de minimiser des effets négatifs sur la santé et jugé “probable” des conséquences de la culture de la pomme de terre sur l’environnement par la dissémination.
La Commission européenne s’est refusée à tout commentaire sur ce désaccord au sein de la communauté scientifique.

« Nous avons reçu l’avis de l’EFSA et nous allons l’analyser. C’est tout ce que nous pouvons dire à ce stade
», a déclaré Barbara Helfferich, porte-parole du commissaire à l’Environnement Stavros Dimas.
Le groupe BASF a affirmé que « l’évaluation rendue par l’EFSA permet à la Commission d’approuver Amflora » et souligne que les désaccords sont minoritaires.
Greenpeace a exprimé un avis opposé et souligne que « pour la première fois un désaccord apparaît au sein de l’EFSA sur les risques liés aux semences génétiquement modifiées ». « Nous saluons cette opinion sans précédent et la reconnaissance du manque de certitudes au sein de la communauté scientifique sur les semences génétiquement modifiées », a déclaré Marco Contiero, conseiller politique de Greenpeace.
L’Amflora est une semence de pomme de terre conçue pour être renforcée en amylopectine, un composant de l’amidon utilisé par l’industrie pour fabriquer des textiles, du béton ou du papier . Mais elle contient également un gène marqueur de résistance aux antibiotiques.
BASF demande à Bruxelles d’autoriser sa culture à des fins industrielles, mais le groupe allemand admet ne pas pouvoir exclure que cette pomme de terre génétiquement modifiée se retrouve dans l’alimentation.
« BASF a eu huit ans pour élaborer une pomme de terre sans résistance aux antibiotiques, mais a choisi de ne pas le faire, ajoute Marco Contiero. Autoriser Amflora maintenant reviendrait à relancer la production d’automobiles démunies de ceintures de sécurité ou d’airbags. »
Les OGM sont un sujet extrêmement polémique dans l’Union européenne, en raison des craintes sur leurs effets possibles pour la santé et sur l’environnement. Six pays dont l’Allemagne et la France ont pour ces raisons suspendu la culture du maïs transgénique MON810 de la multinationale Monsanto. Le gouvernement allemand a toutefois donné son feu vert en avril à un essai de culture en plein champ de l’Amflora, en attendant une autorisation européenne.
La Commission se montre très prudente sur ce dossier. Son président, José Manuel Barroso, candidat pour un second mandat, a été désavoué en mars lorsque les pays de l’UE ont rejeté les efforts de la Commission pour imposer la culture du MON810.

Avec AFP, Grenpeace

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire